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UN
DRÔLE D'OISEAU
par Claudine
ROBERT
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Quel drôle
d’oiseau ! La dame revenait de son travail et, près de sa porte,
elle vit un oiseau, apparemment tombé du nid mais qui, pour un nouveau
né, paraissait de belle taille.
Elle le prit
dans sa main et fut surprise de constater que l’oisillon avait déjà
de la force : il s’agrippait à ses doigts et elle eut bien du mal
à desserrer les petites griffes qui les emprisonnaient. |
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Elle décida alors de l’emmener chez elle,
remonta une vielle cage de la cave, y installa confortablement l’oiseau,
déterminée à le soigner jusqu’à ce qu’il soit
capable de «voler de ses propres ailes».
Elle l’observait. L’oiseau, tout d’abord effrayé
par cette prison, s’était calmé et, à son tour,
regardait la dame. Il avait des yeux perçants, presque inquiétants.
La dame vérifia qu’il ne manquait de rien et alla se coucher.
Le lendemain matin, elle entendit un sifflement
joyeux : l’oiseau chantait à tue-tête et salua l’arrivée
de sa bienfaitrice d’une trille particulièrement réussie.
Elle lui donna quelques morceaux de gâteau, fort appréciés,
et partit au travail. |
Les journées passaient. L’oiseau, lui,
grossissait et prenait de l’envergure.
La dame dut se résigner à acheter
un cage plus grande. L’oiseau grossissait toujours. Elle acheta une cage
encore plus grande. Avec sa taille, son affection, elle aussi, grandissait,
et c’était tout un problème pour la dame de quitter la maison,
le matin.
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L’oiseau criait si fort que les voisins, inquiets,
posèrent des questions. La dame leur expliqua la situation et précisa
que depuis quelques jours, comme l’oiseau ne tenait plus dans la cage –
le plus grand modèle qu’elle avait pu trouver – elle avait dû
le laisser en liberté dans la maison. Quand elle rentrait, le soir,
c’était du délire ! et ceci au détriment de quelque
vase ou bibelot précieux qui pâtissaient de ces moments de
joie. |
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Malgré son attachement, la dame était
consciente que cela ne pouvait plus durer et qu’il faudrait, un jour ou
l’autre, prendre une décision et se séparer de l’oiseau :
de plus en plus gros, il avait de plus en plus de mal à se déplacer
dans la maison.
Elle consulta un éminent ornithologue qui
vint voir l’animal et déclara qu’il s’agissait d’un « Condor
Royal Géant », espèce pratiquement disparue et qui
pouvait atteindre, adulte, six mètres d’envergure ! |
La dame n’hésita plus quand l’ornithologue
lui proposa de prendre l’oiseau pour le placer dans une réserve,
où on reconstituerait son milieu naturel et où il pourrait
vivre normalement.
Ce fut une véritable épopée,
la capture de l’oiseau ! Il avait compris qu’on allait le séparer
de sa bienfaitrice : il volait en tout sens, cassant tout ce qui se trouvait
sur son passage. Ils réussirent enfin à le capturer à
l’aide d’un filet et l’emmenèrent vers sa nouvelle résidence. |
Il avait une belle demeure, l’oiseau ; des arbres,
de l’espace... mais il s’ennuyait. Il ne mangeait plus, dépérissait
; même les visites des enfants venus l’admirer le laissaient indifférent.
Il fallait faire quelque chose.
L’ornithologue contacta la dame, lui demandant
de venir rendre visite au pauvre oiseau. |
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Quand elle arriva, l’oiseau, qui atteignait maintenant
ses six mètres d’envergure, devint comme fou. Il déchira
le grillage et, devant une foule ébahie, enleva sa bienfaitrice
dans ses serres puissantes, prit son envol et disparut dans les airs.
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Il l’emmenait dans son pays, loin, très
loin, où vivent heureux des condors géants et de gentilles
dames qui, un jour, ont pris sous leur aile un oisillon perdu. |
Texte de Claudine
Robert
Illustrations de Guy Robert
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