Juin 2004
Les autres N°


MACHINE A SONS

Encore une séquence nostalgie ?! Allez, promis, au prochain numéro (celui des vacances, déjà...) on change de thème et de style. Mais décidément, mon grenier regorge de trésors insoupçonnés que ma truffe impatiente et perspicace ne cesse de débusquer, alors...
Il fut un temps où, pour entendre de la musique, il fallait disposer du musicien, en chair et en os, avec instruments, matériels, partitions et autres accessoires. Difficile, dans ces conditions, d'écouter Wagner dans un deux-pièces-cuisine. D'où le succès des soirées à l'Opéra, des concerts publics ou privés, le mécénat et aussi, il faut bien le dire, une certain élitisme quant à la chose musicale, comme cela avait été le cas pour la littérature avant l'invention de l'imprimerie...
Mais qu'est-ce que le son, sinon une vibration de l'air ?. On le savait. Il suffisait d'en tirer les conséquences : si on arrivait à conserver puis reproduire ces vibrations de l'air, on reproduirait le son. C'est le principe du phonographe, et c'est cet appareil, un vrai, de l'époque, que j'ai déniché au grenier. Un gramophone, ou plutôt un Pathéphone, comme disait la réclame de l'époque.
Oui, vous connaissez tous cet "instrument". Il est simple et ingénieux, la simplicité du génie, en quelque sorte :
  • Un plateau rond et tournant qui va recevoir les "galettes" de cire, les disques.
  • Au bout d'un bras articulé, une aiguille qui va lire les sillons
  • A l'autre bout du bras, un pavillon, plus ou moins énorme, qui amplifie et diffuse le son.
  • Ah, oui ! j'allais oublier ! la manivelle! Indispensable pour remonter le ressort qui fait tourner le plateau, et donc le disque à la bonne vitesse, vitesse fixée à 78 tours par minute (d'où le nom des disques, les "78 tours"). En fonction des réglages, des performances du matériel et de son âge, on est à un peu plus de 78 tours au début du morceau, et un peu en-dessous à la fin. Mais bon, on ne vous a pas dit non plus que c'était de la Hi-Fi ! Et vous avez remarqué ? tout ça sans un centimètre de cable ni un poil d'électricité, si j'ose dire. 

    Tout est dans l'aiguille. Un peu de technique théorique...
    Le son est une vibration de l'air. Enregistrer un son revient donc à "noter" les vibrations de l'air sur un support.
    Dans de la cire, par exemple, la vibration provoque un creux. Si on relit ce "creux" on recrée la vibration de l'air "originale" et donc le son qui l'a produite (ou presque...). C'est ce que fait notre phonographe avec sa petite aiguille. Tout au long de l'unique sillon qu'elle parcourt, l'aiguille lit les creux et les bosses qui se succèdent. La membrane, fixée à l'aiguille, vibre à l'unisson, et ces vibrations, amplifiées, font de la musique. C'est-y pas merveilleux ?
    Ah, c'est sûr, à 78 tours/minute, le "disque à aiguille" ne dure que 3 minutes pour un format et un poids non négligeable. Et en plus ça casse ! Ce qui explique peut-être le prix des exemplaires rescapés chez les brocanteurs spécialisés ! Mais si vous regardez bien les disques de cette époque, vous vous apercevrez qu'on n'est pas si loin du CD audio actuel : c'est rond et il y a un trou au milieu.
    Bon, c'est pas tout ça, mais qu'est-ce ça donne, à l'écoute ? Et bien LINUTIL ne reculant devant rien, vous offre un extrait (AUTHENTIQUE !) d'un disque de l'époque, reproduit en direct sur ce phonographe !
    Il s'agit d'un chef-d'oeuvre inoubliable : LES SOQUETTES A MIQUETTE, de Leojac et Alberty, chantée par FRED GOUIN, sur un accompagnement d'orchestre d'André Cadou. C'est un "disque à aiguille" ODEON. Pour écouter, il suffit de cliquer sur l'étiquette (originale) du disque en question, reproduite ci-dessous. Moi, pour tout vous dire, ce que j'aime vraiment c'est... "la voix de mon maître".