Avril 2006
Les autres N°

RENCONTRE D’UN DRÔLE DE TYPE
 
 

Le 14 juillet 2005, la revue « Nature » publie un article de l’astrophysicien polonais Maciej Konacki. Ce scientifique y annonce la découverte d’une planète gravitant autour de l’étoile triple HD188753, dans la constellation du Cygne, à 149 années-lumière de la terre. Il donne à cet astre, répertorié dès lors sous l’identification « HD188753 Ab », le nom de « planète Tatooine », en référence à la planète du même nom dans le film « Stars War ». Amusant et poétique…

 (*) tout ceci est rigoureusement authentique
 
 
 
Bien des années après cette découverte, sur Hasphalon, satellite de la planète HD188753 Ab, constellation du Cygne…
RELEVE MAGNETIQUE DES MESSAGES EMIS PAR LITHOÏA 1.2
DURANT SON DERNIER TOUR DE GARDE
 
COM 01
Bonjour Centre, je suis Lithoïa 1.2, de garde au bord Est du Grand Séparateur. Après le lever du 3ème soleil, ce matin, une lueur inexplicable est apparue à l’horizon sud. On aurait pu croire à un 4ème soleil, même si cela est inimaginable, bien entendu. Mais ce qui a suivi l’est tout autant. Dans la plaine, devant moi, vient de tomber du ciel, dans un grand bruit et beaucoup de fumée, un être métallique et brillant. Il est immobile maintenant, comme moi, et semble attendre. Complément suit.

COM 02
De Lithoïa 1.2 au Centre pour rectification. L’être métallique n’en est pas un. Il semble que cela soit une sorte de container. Il s’est ouvert et s’en sont échappées 3 créatures assez semblables à nous, si ce n’est qu’elles sont montées sur de grandes pattes articulées et que leur tête réfléchit la lumière. Nous allons, avec mes sœurs et compagnes, essayer d’entrer en communication avec elles.

COM 03
Pas de communication possible jusqu’à présent avec les « exogènes », c’est ainsi que nous les avons appelés, puisqu’ils viennent de l’extérieur, apparemment. Notre voix ne parvient pas jusqu’à eux et bien qu’ils nous regardent, ils ne nous voient pas. Cela pourrait signifier, d’après Petra 0.5 ma compagne, qu’ils sont sensiblement différents de nous.
 

COM 04
Rien de ce que nous sommes n’intéresse les exogènes. Ils passent à côté de nous sans nous accorder une seule attention. L’un d’entre eux, le plus grand, a même touché Petra 0.5 sans rien remarquer ni ressentir, presque sans s’en apercevoir. Sommes-nous à ce point différents ou invisibles ?

COM 05
Confirmation du message précédent : oui, nous sommes bien différents d’eux. Les « pattes » dont ils sont affublés font partie intégrante de leur corps et c’est ce qui leur permet de se déplacer, contrairement à nous. En plus, ils utilisent pour communiquer une suite de bruits articulés, au lieu des ondes magnétiques que nous connaissons bien. Ces exogènes sont vraiment passionnants et il faut à tout prix que nous entrions en contact avec eux. 
COM 06
De Lithoïa 1.2 au Centre. Une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle d’abord : nous avons réussi à intercepter leur pensée qui est une onde électro-magnétique, comme la nôtre. La ressemblance s’arrête là. Car, et c’est la mauvaise nouvelle, eux ne captent rien du tout. Ce qui limite la conversation. En fait, ce sont des êtres assez frustres. Ils s’entretiennent souvent d’une planète lointaine qu’ils nomment « Terre » et qui semble être leur gangue d’origine. En venant ici, ils croyaient découvrir une forme de vie proche de la leur et un monde ressemblant à ce qu’ils connaissaient. Ils sont déçus de ce qu’ils ont trouvé. Mais si seulement ils ouvraient ce qu’ils appellent leurs « Oreilles » et leurs « Yeux » !...

COM 07
Message Urgent Niveau Deux. Au cours de leur exploration, ainsi qu’ils nomment leurs incessantes et aveugles déambulations au milieu de nous, ils ont déplacé certains de nos frères et soeurs. Ils semblent ignorer le danger auquel ils s’exposent ainsi. Malgré notre apparence robuste, nous sommes fragiles et instables. Nous bouger risque de compromettre l’équilibre du monde et nous conduire, eux et nous, à la destruction totale.

COM 08
De Lithoïa 1.2 au Centre : Message Urgent Niveau Un. Nous avons lu dans leurs pensées que les exogènes s’apprêtaient à rejoindre « Terre » et y retrouver ce qu’ils appellent  « Femme »dans leur jargon. Faute de pouvoir communiquer, nous avons appris très peu de choses sur leur mode de vie, en dehors du fait qu’ils se meuvent rapidement sur leurs « Jambes » et dans toutes les directions, à l’inverse de nous. Ce qui fait qu’ils ne se fixent nulle part et ont un psychisme de protozoaire. Toutefois nous interceptons très bien les images mentales qu’ils émettent. Avec ce matériel, nous allons tenter une ultime fois d’entrer en contact avec eux. Petra 0.5 propose de leur transmettre un message qu’ils puissent reconnaître à coup sûr comme provenant d’êtres intelligents. Je lui ai donné mon accord. Mais de grâce, qu’ils ne nous blessent plus avec leurs lourdes chaussures quand ils nous marchent dessus sans le savoir !

COM 09
MAIS QU’EST-CE QUI SE PASSE ? QUE VEULENT-ILS ? NON, NON, PAS ÇA ! NE ME TOUCHEZ PAS, NON ! NE ME ….

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- Allez, les enfants, on rentre…, murmura le capitaine en appuyant sur le bouton START.

 La fusée s’éleva doucement dans un bruit de cascade. En bas, trois millions de petits cailloux roulèrent doucement et imperceptiblement les uns vers les autres, en tournant leur face aveugle vers la fulgurante fusée qui montait dans le ciel.

« Venez voir ! » Le capitaine rejoignit ses deux compagnons devant le hublot de bâbord. La boule gazeuse, énorme et brillante, de la planète HD188753 emplissait le ciel. En bas, le sol d’Hasphalon commençait à descendre sous la fusée.

 « Regardez, vers l’est ! ». Sur la plaine, d’où ils venaient de décoller, une multitude de pierres s’étaient alignées, dessinant une immense figure. 

- On dirait…
- … un visage de femme ! acheva le copilote

« Encore ces foutus mirages ! » conclut le capitaine en occultant le hublot. Maintenant, la fusée accélérait ; bientôt, elle quitterait la sphère d’attraction d’Hasphalon. Il s’assit lourdement devant le petit clavier métallique fixé à la cloison pour continuer la rédaction du livre de bord.

« Départ 0H45, temps universel. Les triples soleils de ce monde provoquent d’étranges illusions d’optique en jouant sur les aspérités du sol. Rien d’autre à signaler. Nos dernières observations corroborent ce que nous avions pressenti en arrivant : Planète sans vie, sans intérêt, sans passé et sans futur, un désert de pierres sans attrait. Maintenant, sommes pressés de rentrer au bercail après cette mission décevante. Ah ! j’oubliais… Nous ramenons un échantillon de roche pour analyse car, et c’est la seule curiosité de cette planète,  les pierres sont étranges ici : elles semblent vibrer dans la main et émettre de la chaleur, comme si elles étaient vivantes. » 
 
 


 

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Texte et illustrations de Guy Robert, avril 2006