Juin 2006
Les autres N°

LE MYSTERE DE MALTRAGORD (1/2)

Linutil a encore fait une découverte : il a retrouvé de vieilles planches (de bandes dessinées) que son maître avait lui-même dénichées chez ses grands parents et qu’il lisait quand il était (beaucoup) plus jeune. Ces histoires en images (on ne disait pas encore « BéDé », à l’époque) paraissaient entre les 2 guerres (celles de 14 et 39) dans un journal pour enfants : « GUIGNOL ».

 Comme son nom l’indique, cette publication était quelque peu théâtrale : ainsi, par exemple, sa couverture représentait un immense rideau rouge s’ouvrant sur une scène ; le prix du numéro « 1 sou » était indiqué comme prix d’entrée dans le théâtre ; les récits ne se terminaient jamais par le mot « fin » mais par « entracte » ; enfin, modernité oblige, les histoires complètes s’intitulaient les « grands films », comme au cinéma de l’époque, où l’on projetait successivement le documentaire, les actualités, les réclames, l’entracte puis, enfin, aaahhh !  le « grand film ». D’ailleurs, comme les films, il y avait l’image (les petits dessins dans les cases) et le son (le texte, sous chaque image). Pas de « bulles », en ces temps reculés, mais une succession d’images muettes dont la logique narrative était assurée par un texte prolixe et descriptif : on regardait l’image puis on lisait le texte ou l’inverse. Double lecture et double plaisir. Et davantage de travail pour le dessinateur qui ne pouvait cacher ses décors derrière une (grosse) bulle.

Dans Guignol, ces « grands films » s’étalaient sur 8 pages, dont la moitié en couleurs. Certains lecteurs, dont le maître de Linutil, trouvant les pages en noir et blanc par trop rébarbatives, se chargeaient de les coloriser avec plus moins de talent, de bon goût et de crayons mal taillés. Ce sont ces pages, authentiques et originales, que nous proposons ici, près de 80 ans après leur parution. Bien sûr, arrachées au journal, manipulées sans trop de précaution par des mains enfantines, elles ont souffert et jauni. Mais nous les livrons telles quelles, 4 pages ce mois-ci et la suite le mois prochain, comme au bon vieux temps des feuilletons.

Pour les amateurs, « Le Mystère de Maltragord » a été écrit et dessiné par GERVY (1908 à Blaye, 1998 à Périgueux), auteur du célèbre Pat’Apouf détective. Certes, le style est un peu désuet, le texte ampoulé, mais le graphisme dynamique et plein d’humour est un régal pour les yeux, proche de la ligne claire d’Hergé. Enfin, cette histoire parle de trésor, de laboratoire, d’expériences mystérieuses, toutes choses qui, à l’époque où le papier de ces pages était encore blanc, faisaient rêver les enfants… que nous sommes encore.
 
 

la suite... au prochain numéro!