Février 2008
Les autres N°

C'EST BEAU, LA PEINTURE A L'EAU !


 







 
 
Qui n’a jamais entendu la (vieille) chanson :
« La peinture à l’huile
« C’est bien difficile,
« Mais c’est bien plus beau
« Que la peinture à l’eau ! »
Et bien, rien n’est plus faux ! Car la peinture à l’eau c’est très beau, et c’est pas facile non plus, soit dit en passant… 
Ah ! ces petits godets d’aquarelle alignés comme à la parade, rangés par teintes et nuances ! Toutes les couleurs du monde sont dans ces pastilles, brillantes comme des bonbons (ne pas sucer !). Elles attendent sagement, dans leur étroite boite de métal, qu’un pinceau nerveux, sinon génial, les réveille de leur sommeil de belle au bois dormant.
Tout le secret de l’aquarelle est dans ce réveil, noces de l’eau et de la lumière, et qu’il faut apprivoiser en gardant trace sur le papier de leur rencontre et de leurs jeux. Et pour jouer, il faut très peu de choses :
- une boite d’aquarelle avec une douzaine de godets de couleur
- un pinceau doux, ventru et bien pointu. Les meilleurs sont en poils de martre (qu’on se rassure, la petite bête en réchappe)
- du papier… et de l’eau.
On mouille le pinceau, on prend un peu de couleur qu’on dépose sur le papier. Le papier, en buvant l’eau, ne va garder que les pigments de peinture et comme le papier est blanc la lumière, en traversant la couleur, va la faire vibrer.

Quoi de plus simple ? C’est en fait là que commencent les vrais problèmes et que les talents se révèlent : il faut être habile et rapide, sûr de soi et inventif, précis, méthodique, mais aussi un peu fou… Laissons tout cela aux artistes. Nous, nous voulons juste nous amuser.


Et pour s’amuser rien de tel que la BD ! L’aquarelle est justement très utilisée dans la Bande Dessinée. Ses tons légers et ses modulations apportent beaucoup de fraîcheur et de spontanéité à nos « petits mickeys ». Ainsi, par exemple, dans les studios Hergé, toute une troupe de coloristes peignaient décors et personnages des Aventures de Tintin, à l’aide de gouache, d’aquarelle et d’encres colorées. D’ailleurs, Hergé s’est remarié avec l’une d’entre elles, c’est dire s’il appréciait le procédé… Ah ! le bleu inimitable du chandail de Tintin ! C’est de la peinture à l’eau ! et pourtant ça traverse les années !

Le pull de Tintin : couleur "Bleu Ceruleum",
dans la terminologie des peintres, "bleu ciel". Une légende...

Et Linutil dans tout ça ? Pourquoi n’aurait-il pas droit à la couleur lui aussi ? Alors, le temps d’un coup de pinceau, sortons-le de son monde en noir et blanc :
Mais, à tout bien considérer, le noir et blanc lui va si bien ! C’est vrai que tout se discute… Ce qui est indiscutable, par contre, c’est que la mise en couleurs d’une BD, même aussi simple que celle-ci, demande beaucoup de travail. Et ça, c’est incompatible avec la paresse légendaire de son créateur. Cela n’enlève rien, bien entendu, aux mérites de l’aquarelle. Et puis, en été, la peinture à l’eau c’est tellement rafraîchissant ! plus que l’huile en tout cas… … Alors, posons nous la question :

« Mais à quoi rêvent les aquarelles dans leur cadre suspendues ? »

Peut-être au soleil qui les a vu naître et qu’elles regrettent, au fond de leur musée… Pour finir, question soleil, il y en avait sur « Les bords du lac », dans le Morvan, ci-dessous. Par contre, l’eau y était bien fraîche. Et comme dit un dicton de là-bas :

« L’aquarelle, c’est beau, mais l’eau froide, c’est pas chaud ! »

 

©Guy Robert, février 2008