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Le solstice
d’hiver, ligne imaginaire sur le calendrier, comme l’équateur sur
les cartes, vient d’être franchi il y a peu. Malgré les frimas,
les jours commencent donc à rallonger, lentement d’abord, puis de
plus en vite. On le voit bien au bleuté des aubes et aux orangés
du couchant. Le soleil, notre étoile, est revenu et, de ses rayons
ragaillardis, fait jouer de nouveau les couleurs du monde.
Les peintres qui,
durant la mauvaise saison, ne peignaient plus qu’en noir et blanc, ressortent
les tubes de leur mallette : teintes vives et vibrantes coulent à
nouveau sur les toiles !
Les musiciens
qui jouaient des ballades en mineur sur leurs harmonicas enrhumés,
reprennent leurs trompettes pour y souffler de joyeuses marches.
Les cyclistes délivrent de leurs chaînes
les vélos qui dormaient au garage et partent pédaler sur
les chemins où fond la dernière neige - la dernière,
c’est promis ! -, vent et vitesse émaillant de givre leurs lunettes
noires.
La lumière revient. Elle réveille les
tableaux dans leur cadre, les flèches des montagnes, les vérandas
des restaurants et le miroir des flaques. Ici, les couleurs prennent vie
et racontent mille histoires anciennes, mille poèmes nouveaux.
Mais d’où viennent ces vitraux ? Dans quelle
cathédrale les trouve-t-on ? Dans quelle chapelle futuriste, dans
quel temple du bout du monde, dans quel musée martien ? Dans quels
ateliers de verrier fou les a-t-on fondus et montés ? En quel siècle
? Sur quelle planète ?
Et bien ces tableaux où joue la lumière
sont de simples petits pots de yaourt en verre, décorés
au pinceau.
Petits photophores où les bougies de la
fête éclairent le chemin qui mène au printemps, le
printemps au bout du chemin d’hiver, l’hiver de verre... |
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Photophores, texte, macrophotos
et montage de Guy Robert ©Janvier 2009
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