Janvier 2009
Les autres N°


 
          
L'HIVER DE VERRE


Le solstice d’hiver, ligne imaginaire sur le calendrier, comme l’équateur sur les cartes, vient d’être franchi il y a peu. Malgré les frimas, les jours commencent donc à rallonger, lentement d’abord, puis de plus en vite. On le voit bien au bleuté des aubes et aux orangés du couchant. Le soleil, notre étoile, est revenu et, de ses rayons ragaillardis, fait jouer de nouveau les couleurs du monde.

Les peintres qui, durant la mauvaise saison, ne peignaient plus qu’en noir et blanc, ressortent les tubes de leur mallette : teintes vives et vibrantes coulent à nouveau sur les toiles !
Les musiciens qui jouaient des ballades en mineur sur leurs harmonicas enrhumés, reprennent leurs trompettes pour y souffler de joyeuses marches.
Les cyclistes délivrent de leurs chaînes les vélos qui dormaient au garage et partent pédaler sur les chemins où fond la dernière neige  - la dernière, c’est promis ! -, vent et vitesse émaillant de givre leurs lunettes noires.
La lumière revient. Elle réveille les tableaux dans leur cadre, les flèches des montagnes, les vérandas des restaurants et le miroir des flaques. Ici, les couleurs prennent vie et racontent mille histoires anciennes, mille poèmes nouveaux.
Mais d’où viennent ces vitraux ? Dans quelle cathédrale les trouve-t-on ? Dans quelle chapelle futuriste, dans quel temple du bout du monde, dans quel musée martien ? Dans quels ateliers de verrier fou les a-t-on fondus et montés ? En quel siècle ? Sur quelle planète ?
 
Et bien ces tableaux où joue la lumière sont de simples petits pots de yaourt en verre, décorés au pinceau.

Petits photophores où les bougies de la fête éclairent le chemin qui mène au printemps, le printemps au bout du chemin d’hiver, l’hiver de verre...


 
 Photophores, texte, macrophotos et montage de Guy Robert ©Janvier 2009