Février 2009
Les autres N°

PALMARES DU FESTIVAL D'ANGOULEME 2009





Linutil était à Angoulême, en janvier dernier, pour le 36ème Festival International de la Bande Dessinée. Il nous présente les heureux gagnants. Reportage…
 

Pour ce 36ème festival, il y avait beaucoup de «nominés». Sur plus de 2500 albums au départ, 56 ont été retenus pour la Sélection Officielle, et seulement 10 primés, le 1er février, lors de la cérémonie de clôture. Le palmarès couvre tous les genres et il y en a effectivement pour tous les goûts. Rappelons l’enjeu : ainsi, l’année dernière les dessinateurs complices Dupuy et Berberian, créateurs de « Monsieur Jean », avaient remporté le Grand Prix. Comme le veut la tradition, ils sont donc devenus Présidents du Grand Jury 2009 et ont dessiné l’affiche du Festival (ci-contre). Nous verrons plus loin qui sera l’élu pour 2010 !
Autre événement exceptionnel : malgré un lourd héritage génétique, Linutil s’est allié avec « le Fauve » pour présenter ce palmarès. Le Fauve est ce petit chat craquant et tout noir, emblème du Festival et que l’on rencontre partout. C’est l’œuvre exclusive du dessinateur Lewis Trondheim, connu pour sa série du «Donjon» et pour ses «Formidables Aventures de Lapinot». Le prix du meilleur album, la récompense suprême, ne se nomme-t-elle pas « Fauve d’Or » ?

... mais passons au Palmarès !


Le Prix Essentiel « Patrimoine »
Opération Mort
de Shigeru Mizuki, chez Cornélius Eds

C’est une manga racontant la lutte d’une poignée de soldats japonais sur une île durant la seconde guerre mondiale. Le récit repose principalement sur les souvenirs de l’auteur, né en 1922 et ayant perdu le bras gauche au combat. Cela aurait pu être pire, me diriez-vous… Non, car Mizuki était gaucher : il a donc dû réapprendre à dessiner de la main droite !

Le Prix Essentiel « Révélation »

Le goût du chlore
de Bastien Virès, chez Casterman

Evocateur de nos bonnes vieilles piscines municipales, ce goût du chlore nous raconte l’amour d’un adolescent pour une jolie baigneuse et ses premiers émois. A lire à la plage, sans doute, pour être dans le bain…

Le Prix Essentiel « Jeunesse »

Le Petit Prince
par Johann Sfar, chez Gallimard

Adaptation fidèle du célèbre roman d'Antoine de Saint-Exupéry. Sfar est l’auteur du « Chat du rabbin » (encore un chat !), mais ici il doit dessiner… un mouton, of course !

Le Prix Essentiel « Fnac-Sncf »

Mon gras et moi
de Gally, chez Diantre

Description humoristique de la lutte de l’auteur contre ses bourrelets, bourrelets qui lui doivent un prix, tout de même… Comme quoi, parfois, il y a du bon gras.

Les autres "Essentiels" d'Angoulême
Lulu, femme nue
par Etienne Davodeau, chez Futuropolis

Lulu, à 40 ans, abandonne tout pour partir seule sur la route…
 

Attention : chef-d’œuvre !

Martha Jane Cannary
par Blanchin et Perrissin, chez Futuropolis

C’est le vrai nom de … Calamity Jane !
Et c’est ici sa vraie vie, loin des clichés du «Western» véhiculés par le cinéma et les productions de série B.

Le Petit Christian, tome 2
de Blutch, chez l’Association

Suite de la quasi-autobiographie de l’auteur : le tome 2 débute avec son entrée en sixième. Un sommet du « roman graphique » et un grand auteur, comme on va le voir bientôt…

Spirou : « Le journal d’un ingénu »
par Emile Bravo, chez Dupuis

Plutôt que d’écrire la suite des aventures de Spirou, l’auteur prend le parti de raconter ce qui s’est passé avant qu’il ne devienne le héros de BD que l’on connaît. Voici donc l’adolescence du futur célèbre petit groom.

 

Tamara Drewe
de Posy Simmonds, chez Denoël Graphic

Le retour d’une star dans le village de son enfance et les troubles de toute nature qu’elle y fait naître. Une narration originale, qui mélange astucieusement le roman et la BD.
 

Attention : chef-d’œuvre !

Le Prix du Meilleur Album (Fauve d’Or) est attribué à…

de WINSHLUSS, chez Les Requins Marteaux


Librement inspiré du conte éponyme de Carlo Collodi, cet album est à la fois un roman-fleuve, une galerie d’art, un opéra. Malgré le titre, à ne pas mettre entre les mains des enfants, mais quelle richesse et quelle invention !

Winshluss, de son vrai nom Vincent Paronnaud est né en 1970, à La Rochelle, qui n’est pas loin d’Angoulême ! A près de 40 ans, il signe là un véritable chef-d’œuvre, après s’être déjà distingué en réalisant le film d’animation « Persépolis » au côté de Marjane Satrapi (Prix du Jury au Festival de Cannes 2007)

Linutil ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques planches de « Pinocchio », avant que vous ne couriez l’acquérir chez votre libraire.

Première page de l'album. Où l'on découvre l'origine chimique de la fameuse baleine qui avalera Pinocchio : le petit poisson vert va devenir un monstre hideux et terrible.

La création de Pinocchio, par Geppetto, bricoleur fou... Dans la version de Winshluss, Pinocchio n'est pas une marionnette en bois mais un robot de métal, et Jiminy le Criquet est Jiminy Le Cafard ! Ah ! On vous l'avait dit, c'est librement inspiré ! Notez également l'absence totale de dialogues... 

Et pour finir et pour le plaisir, une planche pleine page, remplie de poésie... 

 
Enfin, récompense suprême,
le Grand Prix de la Ville d’Angoulême est attribué à…

B L U T C H
De son vrai nom Christian Hincker, ce dessinateur doit son pseudonyme à sa ressemblance avec le héros des Tuniques Bleues. Le parallèle s’arrête là.

Son œuvre la plus connue demeure « Le Petit Christian » (voir plus haut et un extrait ci-contre).

Virtuose graphique, Blutch est un des dessinateurs les plus doués de sa génération et le « roman graphique » lui doit beaucoup. C’est le sens de la récompense qui le distingue cette année.

Il sera donc le Président du prochain Festival International de la BD à Angoulême, en janvier 2010.

Et nous y retrouverons LINUTIL, bien entendu, lui-même futur président en… 2040… peut-être….

Les fac-simile des couvertures ainsi que les planches extraites des albums figurent sur cette page uniquement à titre d'information et d'illustration, dans un but de mise en valeur des ouvrages récompensés, libre de toute publicité. Le copyright de ces images demeure la propriété des auteurs et éditeurs cités. Le "Fauve" a été redessiné par Linutil, en tant que clin d'oeil, mais le copyright demeure la propriété de son auteur Lewis Trondheim et du FIBD. Merci à tous.
 Guy Robert - Février 2009