Le
printemps est là, si, si… Au-dessus des forêts, les nuages
semblent brouter les jeunes bourgeons, comme d’énormes moutons affamés.
Et que voit-on dans l’herbe fraîche et haute des prairies ? La multitude
étoilée du jaune pissenlit ! |
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Voilà
bien une fleur dont personne jamais ne parle : ni le poète, ni le
peintre, ni les amoureux, ni les jardiniers. Trop peuple, sans doute, un
peu voyou sur les bords, le pissenlit. Ah ! Chantez-moi le primevère
modeste et timide, le fragile coucou des fossés, le bouton d’or
délicat des champs, la violette cachée… mais le pissenlit,
pouah ! |
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Pourtant
à cette époque, il émaille les prés de ses
milliers d’étincelles d’or, fermé le matin, s’ouvrant au
jour pour se refermer le soir venu. C’est la touche de couleur vive dans
le pastel du printemps. |
Alors,
réparons cette injustice, réhabilitons la fleur ignorée,
chantons
la beauté enfin reconnue de la plus roturière de nos plantes.
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Le
Pissenlit, dans ses nombreuses variétés, possède comme
tout un chacun un joli nom latin. Eh oui, toutes les plantes en ont un
et le pissenlit ne déroge pas à cette savante pratique. Pour
lui c’est le "Taraxacum". On l’appelle aussi "Dent-de-lion",
du fait de la forme dentelée de ses feuilles. Ce "dent-de-lion"
a donné sa tournure au nom anglais désignant le pissenlit
: "dandelion". Et pour ce qui est du vocable français pissenlit
il fait référence quant à lui aux propriétés
diurétiques de la plante (et ce n’est pas un jeu de mots). N’est-ce
pas merveilleux ?
En
cuisine, on sert volontiers cette plante sauvage en salade. Elle peut également,
cuite, remplacer les épinards ou venir en complément de certaines
soupes. Mais qui sait que ses fleurs en bouton peuvent remplacer les pointes
d’asperges et que ses racines convenablement grillées sont un substitut
au café ? C’est vrai que quand on évoque les racines, on
pense plutôt à la fameuse expression, très imagée,
"manger les pissenlits par la racine", c’est-à-dire être
mort et enterré. |
Sa
fleur égaie nos paysages, mais on devrait dire "ses" fleurs.
En
effet, la fleur du pissenlit est en fait un bouquet de plusieurs centaines
de fleurs minuscules (ce qu’on prend pour les pétales) réunies
dans un réceptacle unique (nom scientifique : capitule).
D’ailleurs,
quand "la" fleur monte à graine, chacune de ces fleurs donne une
petite graine avec son petit parachute, l’ensemble formant cette boule
duveteuse et fragile immortalisée par les éditions Larousse
("je sème à tout vent").
Portées
par la brise, certaines de ces graines peuvent parcourir jusqu’à
10 kilomètres… ceci explique que les pissenlits, on en trouve partout
et c’est magnifique, non ? |
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Mais
avant que la graine ne parte dans le vent, profitons encore de ces petits
soleils sans prétention jetés sur le paysage. C'est beau,
hein ? Ma grand-mère disait que "la beauté ne se mange
pas en salade". C’est vrai, exception faite… des pissenlits ! |
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© Guy Robert
- avril 2012
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