Par un bel après-midi de printemps,
nous voilà sur les routes nivernaises, entre champs de colza et
pommiers en fleurs.
Nous montons vers l'horizon des forêts,
là-haut, sur la crête des collines.
Plus de bruits, plus de vent. Un
chant d'oiseau parfois dans le taillis. Le silence de la forêt, fait
de mille chuchotements, se referme sur notre chemin.
Mais où conduit donc ce sentier
perdu au cœur des bois, loin de tout et de tous ?
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Nous débouchons bientôt
dans une étroite clairière. Au centre se dresse un arbre
au tronc énorme et fendu : le gros châtaignier. On l'appelle
"le
gros châtaignier", mais les historiens et spécialistes
nomment ce lieu "La Grosse Châtaignée".
L'arbre est vieux de plus de 3 siècles,
presque 4 maintenant, depuis le temps qu'on le dit. Complètement
creux du haut en bas, mais toujours vert. A l'automne, des myriades de
châtaignes tapissent ses alentours.
Quand on pense qu'il eut ses premiers
fruits sous Louis XIV ! Enfin, pas exactement dessous, car les châtaignes
ça pique…
L'ouverture du tronc fait comme un
porche, et on peut se loger à cinq ou six personnes dans l'épaisseur
de l'arbre. Il a dû en abriter des promeneurs surpris par la pluie,
des amoureux, des chasseurs et des chassés…La foudre, ou des feux
de camp imprudents, ont noirci son écorce. Qu'importe, contre vents
et marées, il garde le front haut, le pied solide et la châtaigne
aiguë.
Il fut un temps, racontent encore
les historiens, où cet arbre se dressait à la croisée
de deux routes dont l'une conduisait au village de "Bois-des-Prés".
Joli nom ! On pourrait presque se croire dans une aventure de "Sylvain
et Sylvette".
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De ce village, il ne reste plus rien.
Pas même une pierre : les ruines ont été dévorées
par la forêt. Si on ne sait plus exactement où se situait
Bois-des-Prés, certains voient dans les fossés ou dans quelques
bosses ondulant parmi les arbres, les vestiges d'anciennes chaumines. Mais
il y faut pas mal d'imagination… Non, seul le gros châtaignier demeure
après tout ce temps, plus solide que la pierre.
Mais ne dit-on pas que l'ouverture
creusée dans l'arbre est la porte vers le Pays des Merveilles, qui
ne s'entrebâille qu'un court instant, juste le temps de laisser passer
l'explorateur courageux qui s'y hasardera ?
Alors, si vous passez par Couloutre,
dans la Nièvre, cherchez le vieux châtaignier : vous y rencontrerez
peut-être le Lapin Blanc ou le Chapelier Fou…
Guy
Robert - Avril 2014
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