Juin 2015
Les autres N°


UN PETIT JAUNE


 
Cela ne dure que quelques jours, comme un rayon de soleil sur la campagne :
la floraison du colza.

Les champs s'éclairent de jaune acide, brodant un patchwork éclatant jusqu'à l'horizon, comme une couverture jetée sur le paysage.


On croirait qu'un enfant a barbouillé son dessin avec seulement deux crayons, un vert et un jaune. Mais ces bandes de couleur, ces sillages de lumière pourraient tout aussi bien nourrir une toile abstraite.

Le jaune n'est pas si courant dans la nature qu'il ne puisse inspirer un pinceau intrépide. Et le jaune va si bien avec les ciels, ciel bleu du matin, ou gris d'orage et de pluie contenue l'après-midi.

Admirez et vous, les peintres, peignez. Car le temps est compté. Au bout de quelques jours, le spectacle disparaît de l'affiche : le jaune pâlit et le vert s'impose. Bientôt les champs sont indistincts et confondent leurs couleurs.

Plus tard, bien plus tard, en été, le colza nous montrera sa face cachée, son côté obscur : des tiges noircies et torturées, juste avant la récolte de la graine, transformant le paysage en terre brûlée. 

Comment une si belle fleur peut-elle donner un fruit si ingrat ? Nombre de parents se posent la même question... 

©Linutil pour le texte et les photos – juin 2015