Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire,
en musique… C’est une composition personnelle pour piano dont la partition,
en plus des notes, affiche un texte descriptif et explicatif. Pour corser
l’affaire, j’y ai ajouté des dessins. Du cinéma sur papier,
en quelque sorte… Attention, silence, moteur ! Ça tourne ! |
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En rangeant le grenier, au fond d'une malle : un vieil album de photos,
à la couverture de cuir toute craquelée.
Photos d'ancêtres disparus, de cortèges de noces un peu
flous et de bébés joufflus.
Puis, entre deux pages, une photo sépia : on y voit une jeune
fille assise dans un jardin fleuri.
Par la fenêtre ouverte sur l'été, on devine un piano
et l'on croirait presque entendre une mélodie qui, par delà
les arbres, par delà les années, nous parle de… |
« La demoiselle avec une
ombrelle sur la photo »
Une grande maison, dans un beau jardin. Le ciel est bleu en ce début
d’après-midi.
On vient de terminer le déjeuner et les convives s’égaient
par les allées. Mais il fait si chaud que la demoiselle de la maison
a dû prendre son ombrelle pour sortir au soleil.
Les invités, quant à eux, préfèrent discuter
politique en fumant leur cigare à l’ombre reposante des arbres. |
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« Le beau temps ne pouvait pas durer ».
Des nuages noirs venus de l’est envahissent peu à peu le ciel.
On entend les grondements du tonnerre rouler sur l’horizon.
« On dirait le canon » marmonne le vieil oncle qui
en a vu d’autres.
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Une averse vient fouetter les massifs comme une gifle, puis s’apaise
soudain,
laissant ça et là quelques larmes légères sur
les rosiers.
Le jeune cousin, qui est venu de Paris dans sa nouvelle automobile,
entre au salon et joue trois notes sur le piano. |
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La musique semble avoir chassé la pluie.
Chacun sort de son abri et reprend sa promenade ou sa lecture ou sa
conversation, tout en buvant les mille parfums du jardin distillés
par la pluie et le soleil revenu. |
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L’oncle ressort son vieil appareil photographique à plaques.
« Ne bougeons plus ! »
Mais son modèle est immobile : la demoiselle à l’ombrelle,
assise en pleine lumière, feuillette un livre en rêvant… au
prince charmant ? A son jeune cousin qui fume une cigarette à l’ombre
de la tonnelle ?
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La demoiselle abandonne la page qu’elle est en train de lire et relève
la tête.
Le clocher de l’église annonce les 4 heures de l’après-midi.
Le temps passe vite…
Mais pourquoi cette gravité et cette insistance dans le battement
des cloches ? |
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L’oncle s’est enfermé dans la maison, tout volet clos, pour
développer sa photo.
Une dernière promenade sous les branches des tilleuls qui embaument,
puis il sera temps de repartir. |
Le morceau de musique se termine ici, sur ce souvenir de l’été,
figé sur la photo que le vieil oncle a tirée dans la lueur
rouge de son laboratoire et qu’il a datée de son écriture
fine et soignée : « Samedi 1er aout 1914 »
Sous le soleil, chacun vivait, sans le savoir, les dernières
heures de la paix et de l’insouciance. Tous les clochers de France annoncèrent
la funeste nouvelle en sonnant le tocsin à 16 heures. Le lendemain,
les affiches sur les murs proclamaient la mobilisation générale,
jetant des millions de gens dans le tourbillon meurtrier de la Grande Guerre.
Ce 1er aout, c’était bien le dernier jour de l’été
et le premier d’un hiver qui allait durer quatre longues années.
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Maintenant que vous connaissez l’histoire, vous
aimeriez peut-être en entendre la musique et y retrouver les différents
épisodes que je viens de vous résumer ?
Il suffit pour cela de vous rendre sur le site
«
Free-scores.com », site de partitions musicales gratuites en
ligne...
...
en cliquant ici !
Vous pourrez alors :
- Ecouter «
La demoiselle avec une ombrelle sur la photo », jouée
et enregistrée par votre serviteur.
- Voir la partition
(et la télécharger au format PDF). Ce qui permettra aux musiciens
de jouer à leur tour ce morceau (niveau facile). Les curieux pourront
également, sans connaître la musique, y relire l’histoire
que je viens de vous conter.
Le site « Free-scores » organise
chaque année un concours de composition parmi ses membres.
« La demoiselle avec une ombrelle
sur la photo » qui concourait cette année dans la catégorie
« Piano » a participé à la finale et a terminé…
17ème
sur 52. Bon, d’accord, c’est pas la gloire. Mais comme on pourrait
le dire en ce moment : l’essentiel c’est de participer. Alors, on essaiera
de faire mieux la prochaine fois… |
Musique, texte et dessins de Guy Robert
©2016
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