De nos jours, la calligraphie
revient à la mode, qu’elle soit Arabe, Chinoise ou, comme celle
que nous présentons ici, Occidentale. Il existe une multitude de
matériels et de livres très bien faits pour s’initier à
cet artisanat. Mais en fait, très peu de choses suffisent pour débuter
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- du papier
- règle, crayon,
gomme
- un porte-plume et
sa plume
- de l’encre…
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… et quelques pistes personnelles
que je partage ci-après.
On utilise un papier blanc,
lisse où la plume peut glisser sans effort. Au Moyen-Age, on écrivait
sur du vélin (peau de veau mort-né) qu’il fallait longuement
préparer. Un beau papier à dessin, un peu fort mais sans
grain (lavis technique) fera parfaitement l’affaire.
La règle, le crayon
et la gomme ne sont là que pour tracer les lignes repères
sur lesquelles sera disposé le texte, et non pour esquisser les
lettres. Car on écrit d’un jet, sans filet !
On écrit avec une
plume trempée dans l’encre. D’autres outils existent : les outils
traditionnels (calame en roseau, plume d’oie), un peu difficiles à
manier pour débuter et les outils modernes.
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Ci-contre, de gauche
à droite :
- un feutre calligraphique
biseauté,
- un stylo-plume calligraphique
à cartouche,
- un porte-plume et sa plume
simple biseautée,
- 2 plumes biseautées
à réservoir, de largeur différente. |
Pour les premiers essais,
nous recommandons une plume biseautée toute simple. La largeur
du bout carré de la plume détermine la taille des lettres. |
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Ici, par exemple, les petits
traits horizontaux de gauche représentent la largeur de la plume.
On voit que la hauteur d’une
lettre normale, comme le "m" est de 5 largeurs de plume.
Les hampes ascendantes des
lettres "h" et "l" font 2 largeurs de plume, ainsi
que la jambe du "p". |
Cela revient à définir
4
lignes dans lesquelles devront s’inscrire les lettres. Ce dispositif
se nomme une "portée", et c’est au crayon et à
la règle qu’il sera tracé sur le papier. Une fois les lettres
dessinées, on effacera ces repères.
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Un autre point important
: l’angle que fait l’extrémité de la plume avec l’horizontal.
Il varie, selon le style
d’alphabet reproduit, de 30° (comme sur l’illustration ci-contre)
à 45°.
Cet angle détermine
le rapport entre les pleins et les déliés et donne donc tout
son caractère aux lettres ainsi dessinées.
Pour une belle harmonie du
texte, il doit être respecté tout au long de l’écriture. |
Sauf exception, les lettres
sont constituées de différents traits. L’orientation et l’ordre
de ces traits forment, pour une lettre donnée, le "ductus"
("conduite", en latin), qu’il faut respecter "à la lettre", si j’ose
dire ! C’est donc une sorte de guide que la main doit suivre pour réussir
le dessin de la lettre. Avec l’habitude et la répétition,
on le mémorisera sans peine et on pourra alors se passer du modèle.
Quelques exemples :
Les numéros indiquent
l’ordre de traçage des traits et les flèches le sens de traçage.
"A" majuscule Caroline,
en 3 traits
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"M" Onciale,
en 3 traits
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"G" minuscule Blak Letter,
en 4 traits
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Les livres traitant de la
calligraphie présentent, pour chaque alphabet qu’ils décrivent,
les dimensions de la portée à utiliser, l’angle
de la plume à respecter pour l’écriture, le ductus
de chaque lettre.
Mais avec tout ça,
nous avons oublié le principal : l’encre !
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Il en existe une multitude,
dans plusieurs marques et plusieurs teintes. Dans un premier temps, on
évitera l’encre dite "de Chine", un peu trop épaisse, et
on choisira une encre légère, pas trop pâle, dans un
flacon muni d’un bouchon pipette, si possible, afin de remplir la plume
en évitant les taches. |
On peut également utiliser
de l’aquarelle. Il suffit alors de prélever avec le pinceau la couleur
choisie puis d’en charger la plume.
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Cette technique
ouvre la voie au travail d’enluminure, tel que pratiqué dans les
temps anciens.
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Dans les monastères,
le travail de fabrication des manuscrits, qui participait grandement au
profit de la communauté, était un travail d’équipe.
Une salle y était consacrée, le "scriptorium",
la seule pièce chauffée du bâtiment à l’époque,
car pour écrire, il ne faut pas avoir les doigts gourds !
Plusieurs moines copistes
recopiaient le même livre, sous la dictée (d’où parfois
des fautes d’orthographe et des oublis si le moine se prenait à
rêvasser).
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U côté
des moines copistes, les artistes enlumineurs étaient, quant à
eux, chargés de dessiner les lettrines, ces grandes lettres qui
ouvrent les nouveaux paragraphes (comme ci-contre) ou le début
d’une page. Ils créaient également toutes les images qui
illustraient et égayaient le texte par leurs couleurs chatoyantes.
Une teinte était alors particulièrement à la mode
: le rouge. Elle était fabriquée à base de minium,
et a donné son nom aux dessins qu’elle colorait : les "miniatures".
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Enfin, d’autres moines reliaient
les pages et fabriquaient la couverture.
Le développement progressif
de l’imprimerie va amener la fermeture des scriptorium, mais l’exercice
manuscrit de l’écriture n’en disparaîtra pas pour autant.
Jusqu’à l’invention de la machine à écrire, puis de
l’ordinateur, nombre de documents officiels étaient encore écrits
à la main.
Mais de nos jours,
me direz-vous, quel peut bien être l’intérêt de la calligraphie
et à quoi peut-elle servir ?
Je vous répondrai
: "à rien…". Simplement avoir le plaisir d’écrire des signes
sur la page blanche et celui d’en contempler le résultat, plaisirs
simples et à moindre coût. Car tout est dans le geste qui
doit, malgré la précision du tracé, demeurer libre
et spontané. C’est donc une sorte de gymnastique de la main et de
la tête.
Vous constaterez qu’au bout
d’un certain temps d’exercice, et si vous montrez vos essais à vos
proches, vous serez bientôt et inexplicablement sollicité
pour la rédaction des menus, faire-part, invitations, étiquettes
pour pots de confiture, et autres… la gloire, quoi. Mais attention… sachez
qu’au Moyen-Age si un moine tirait par trop fierté de la beauté
de son œuvre et de l’habileté qu’il y avait mise, il en était
aussitôt dessaisi et voyait son travail confié à un
autre de ses frères. Travail et humilité, en quelque sorte.
Une leçon à méditer.
Pour finir, et en toute modestie
compte tenu de ce que je viens de dire, un petit extrait calligraphié
et enluminé d’un poème de Victor Hugo, écrivain que
l’époque médiévale a tant inspiré…
Texte, calligraphies
et photos de Guy Robert - Copyright février 2016
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