Le ciel bleu, c’est beau. Mais c’est sans nuance, un peu monotone, non ? Ah ! Parlez-moi d’un ciel bien nuageux ! Ça, c’est riche, plein de surprises, changeant. Tableau mouvant sur l’immense toile du ciel ; on ne s’ennuie pas avec les nuages : chaque minute nous offre un spectacle différent de formes et de couleurs, constructions qui se métamorphosent, empires qui s’écroulent, montagnes qui se dressent, et tout cela sans bruit, au-dessus de nos têtes.

Un ciel tourmenté mais somptueux

Des nuages, il y en a de toutes sortes et les météorologistes nous les décrivent très précisément : cirrus, nimbo-cumulus et autres stratus. Il y a ces fameux gros nuages blancs et bourgeonnants qui portent en leurs flancs la promesse d’épiques orages, ou ces fins cheveux d’anges qui semblent prêter à la lune leurs voiles rares et pudiques.

Mais aujourd’hui, c’est le gris qui  a retenu mon attention. Pas le gris uniforme d’un ciel bas et pluvieux, triste, non ! Mais le gris d’avant la tempête, somptueux et menaçant. Levons la tête, le spectacle est là, comme au théâtre, et aux premières loges…

Nuages de printemps, inquiétants, au-dessus de la Région Parisienne

Mais au fait, qu’est-ce qui donne leur couleur aux nuages ?

Vu de chez nous, sur la terre, le ciel limpide nous apparaît d’un beau bleu, « bleu-ciel », j’allais dire… En réalité, et les astronautes vous le diront, le ciel est noir. Alors pourquoi nous semble-t-il bleu ? C’est que l’atmosphère qui entoure la terre, dévie certains composants de la lumière en laissant passer davantage les ondes courtes (bleues) que les autres. Les nuages, qui sont composés de gouttes d’eau, de poussière, de paillettes de glace, réfléchissent toutes les composantes de la lumière solaire, qui est blanche. Et c’est pourquoi ils nous apparaissent blancs.

« Petits moutons » dans le bleu des prés, campagne nivernaise
 

Les nuances de gris que l’on peut voir dans les nuages sont dues à leur plus grande épaisseur et à l’ombre projetée par les autres nuages.

Les bords du nuage, plus fins, laissent filtrer le blanc de la lumière

Et les couleurs du couchant ? Le soleil disparaissant à l’horizon, ses rayons doivent traverser une plus grande épaisseur d’atmosphère. Dans ces conditions, les ondes de lumière bleue sont absorbées au profit des ondes jaunes, orange et rouges.

Coucher de soleil sur la montagne corse (Calvi)

Autre mystère à élucider : de quoi sont faits les nuages ?

De chantilly ou de barbe à papa ? Contrairement à une idée reçue, un nuage n’est pas composé de vapeur d’eau, mais d’une multitude de fines gouttes d’eau (ou de cristaux de glace) en suspension dans l’air. On a calculé le poids d’un nuage (si, si…), mais sans balance, bien sûr. Ainsi un cumulus de 1km de côté pèse… 500 tonnes ! Aie ! Pourquoi un tel nuage ne tombe-t-il pas ? C’est qu’il flotte sur l’air plus dense et plus sec qui est en dessous. Un peu comme un bateau. Et il y en a de beaucoup plus lourds. Les cumulo-nimbus, nuages d’orage dont la hauteur dépassent les 10 km peuvent atteindre plus de 50 km2 et peser jusqu’à 1 million de tonnes !

Cumulonimbus en voie de formation

Il y a de quoi craindre, comme les gaulois, que le ciel finisse par nous tomber sur la tête.

Et bien justement, ça arrive, et même souvent. En temps normal, les petites gouttes d’eau qui forment le nuage restent sagement en suspension dans l’air. Mais les frottements, les collisions provoqués par les changements de température dans le nuage, font que ces gouttes s’agglutinent et grossissent. Elles deviennent alors plus denses que l’air qui les portait jusqu’alors et… elles tombent, les unes après les autres. Cela ne vous rappelle rien ? Eh oui, c’est ce qu’on appelle ordinairement la pluie.

Bonne nouvelle, donc : les nuages ne nous écrasent pas, ils se dégonflent sur nos parapluies. Bonne nouvelle également pour les jardiniers dont les petits légumes boivent l’eau des nuages, empruntant ainsi au ciel un petit goût de paradis.