Je me lève avec le soleil, sans aucun mérite, car en cette arrière-saison se lever à un peu plus de 8h du matin n’est pas vraiment un exploit. Disons plutôt que je prends mon temps…

Oui, tout mon temps, pour admirer les brumes de la nuit qui se condensent sur les toiles et fils d’araignée, innombrables et brillant dans la lumière.

C’est pas tout ça, mais j’ai du travail, moi. Au fait, je me présente : je suis le lutin chargé de repeindre les feuilles d’automne, le lutin qui peint, quoi. C’est un métier, croyez-moi, j’oserais même dire : un sacré "bouleau"...

Bon, assez bavardé, je m’y mets. Un petit essai de pinceaux sur les arbres qui encadrent le village. D’accord, ce n’est pas encore ça, mais patience ça va venir…

Car ce matin, je me sens inspiré : Tenez, hop et voilà une porte d’or pour entrer dans la forêt. Pour un début, c’est pas trop mal.

J’ai préparé toutes mes couleurs. A l’automne, ce sont les couleurs chaudes qui prédominent, même s’il fait froid. Orange, rouge, terre de sienne, jaune, ombre brulée… il y a de quoi se faire des taches. Avec toutes ces jolies peintures, je suis paré.

Voilà, sur la colline, un arbre qui va avoir justement besoin de mes services.

Une feuille après l’autre… c’est une question de patience, et j’espère avoir le temps de tout mener à bien avant les premières neiges.
 

Tout y passe, depuis le plus petit buisson, jusqu’aux lointaines forêts qui moutonnent à l’horizon. Rien n’échappe à mon pinceau d’automne.

Ami des oiseaux et des renards, des mulots curieux et des écureuils bondissants, j’écoute leurs conseils et leurs recommandations. Je décore ainsi leurs sous-bois selon leurs goûts, pour qu’ils s’y sentent bien jusqu’à l’entrée de l’hiver. J’en profite pour cacher quelques champignons délicieux sous les feuilles mortes, afin que les cueilleurs ne les trouvent pas tout de suite (ou pas du tout…) C’est ça aussi, l’automne.

Trêve de plaisanterie, le temps passe, mine de rien, et il y a encore toute cette vallée à décorer d’or.

Heureusement, le brouillard, un peu de pluie et quelques petites gelées matinales vont me donner un coup de main pour parachever mon œuvre…

Bientôt je pourrai refermer mes pots de peinture, ranger mes pinceaux et nettoyer les taches sur mon chapeau, tout en contemplant ces paysages d’automne.   Mais le pire, c’est qu’au printemps il me faudra repeindre tout ça en vert !...