Mai 2018
Les autres N°



J’ai toujours été attiré par le son. Je trouve le son plus apte à évoquer et à faire rêver que l’image, par exemple. C’est qu’avec le son, on est obligé d’imaginer. Ah ! ces feuilletons policiers, à la radio, où on entendait les pas de l’assassin sur le pavé mouillé… C’est l’auditeur qui imaginait la silhouette marchant dans l’ombre de la rue. Et cela était rendu possible sans caméra, sans éclairages sophistiqués, sans décors coûteux ni équipe technique, simplement par un bruitage de quatre sous et… un magnétophone. Le magnétophone, merveilleuse machine à écouter le temps. Alors, dès que j’ai pu m’en faire offrir un, de magnétophone, j’ai plongé. Et depuis je nage dedans. Sans être un spécialiste et sans vouloir être exhaustif, voilà donc mon petit musée personnel, vivant, de mes…


BÊTES À MANGER DU SON
LES MAGNÉTOPHONES D’HIER ET D'AUJOURD’HUI

Eh oui, c’est qu’au fur et à mesure des avancées technologiques, j’ai conservé pratiquement tous les appareils que j’avais acquis, et la plupart fonctionnent encore, les plus anciens étant les plus robustes !

Au temps des pionniers

Commençons par celui qui m’a ouvert les portes de l’univers sonore, mon premier magnétophone, le Grundig TK27L.

Avant toute chose, je tiens à préciser que les marques citées ici, le sont libres de toute publicité, et uniquement dans un but documentaire et historique.

A l’époque (les années 60), je faisais déjà de la musique et mon plus grand désir était d’enregistrer, seul, plusieurs instruments. Pour cela, il fallait soit aller dans un studio professionnel soit acquérir un magnétophone un peu sophistiqué. Le choix n’était pas bien grand et dans ce domaine précis plutôt dominé par l’industrie allemande (les inventeurs du magnétophone). Le Grundig TK27L était stéréo 2 pistes mais permettait également d’enregistrer une piste tout en écoutant l’autre. Toute l’astuce était là. Cette astuce s’appelle le « re-recording » (réenregistrement, en français) ou « overdub » (doublage).

Le principe est simple :
- Sur la première piste, on enregistre une guitare
- Sur la deuxième piste, on enregistre un harmonica, tout en écoutant et en recopiant l’accompagnement de guitare précédemment enregistré.
On a alors sur la 2ème piste la guitare et l’harmonica. On peut ensuite répéter le processus, en enregistrant sur la 1ère piste un chanteur… etc…

Cette technique s’appelle également, dans le jargon du métier, « ping-pong ». Très pratique et riche de possibilités, elle dégrade cependant la qualité sonore de l’ensemble, au fur et à mesure des copies.
 

Partance
Paroles et musique de Guy Robert
Enregistré en 1966 sur Grundig TK27L, selon la technique du re-recording.

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Dans cet exemple  sonore (document d’époque !), j’ai joué et enregistré successivement : 

2 guitares, 1 flute, 2 voix pour les chœurs et 1 voix solo pour le chant.
 Soit 6 parties différentes. Bon, le résultat n’est pas très clair mais en ces temps éloignés, ça faisait mon bonheur et épatait les copains !
 

Il fallait donc être très minutieux dans la prise de son. Pas question de s’apercevoir, à la fin, qu’il y avait une fausse notre à la première guitare ou que le contrechant de la flute était trop fort, sous peine de tout recommencer depuis le début. Les réglages devaient être parfaits (ou s’en approcher), car tout défaut était amplifié par les copies successives… La mise au point demandait donc parfois beaucoup de préparation, de répétition, d’essais et d’échecs. Mais personne ne protestait : j’étais tout seul, flutiste, chanteur, guitariste, ingénieur du son, producteur… et parfois unique auditeur ! Et tout ça, grâce au magnétophone.
 

Pour les petits curieux : l’enregistrement analogique
Le son produit dans l’air des variations de pression, sous forme  d’onde. On peut capter ces variations grâce à une membrane souple, les ondes sonores sont alors transformées en déplacements physiques de la membrane.
Au tout début du phonographe, le système était entièrement mécanique. Les déformations de la membrane qui captait le son étaient inscrites dans la cire, par une aiguille reliée à la membrane, sous forme de creux plus ou moins profonds. A l’écoute, c’était l’inverse : on relisait les creux, à l’aide d’une aiguille qui transmettait les vibrations à une membrane faisant office de résonateur. C’est un procédé qui fonctionne encore parfaitement de nos jours.
Plus tard, on inventa le microphone. La membrane est toujours là, mais les ondes sont traduites en variations de courant électrique. Dans les magnétophones, ces variations sont stockées, par magnétisation de particules d’oxyde de fer, sur une bande « magnétique » fine et souple. Cette magnétisation est produite par une tête magnétique devant laquelle défile la bande à vitesse constante (exprimée en centimètres par seconde : cm/s). De cette vitesse dépend la durée maximale de l’enregistrement pour une longueur de bande donnée, ainsi que la qualité de l’enregistrement sonore. Il était convenu qu’une vitesse réduite convenait à l’enregistrement de la parole (2,75cm/s ou 4,5cm/s). L’enregistrement de la musique nécessitait des vitesses supérieures : 9,5cm/s et 19cm/s sur le matériel « amateur », 38 ou 76cm/s pour le matériel professionnel.
Les magnétophones à deux têtes magnétiques permettaient l’enregistrement sur bandes de 2 pistes parallèles, soit simultanément (enregistrement stéréophonique), soit successivement (enregistrement en re-recording).


Grosse bête

Le temps passant, j’ai opté pour un appareil un peu plus gros et perfectionné...
le UHER ROYAL SG521

Il permettait des enregistrements à plus grande vitesse (19cm/s), ce qui améliorait la captation des aigus et la fidélité, d’une manière générale. Là encore, la technique de re-recording était au menu, plus élaborée et plus précise.
Cet appareil offrait la possibilité de déclencher le passage automatique des diapositives, grâce à un branchement couplé au projecteur, en synchronisation avec la bande son ! Gros succès assuré, au prix d’une installation digne d’un cinéma de quartier.
Quoique la qualité fût au rendez-vous, il n’en demeurait pas moins que l’enregistrement successif des pistes dégradait le rendu final et présentait le même type d’inconvénient que sur l’appareil précédent : les différentes pistes étaient non modifiables en fin de projet, sauf à tout refaire. 
 

Au Pays d’Aventurine
Composé en 1979 pour celle qui allait devenir mon épouse.
Enregistré à l’époque sur Uher Royal SG521.

On y entend les sonorités vintage d’un orgue meuble (Yamaha) et de 2  guitares, tout cela enregistré en « surimpression ».

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Bon, ok, cela sonne encore très « monophonique ». Mais au seuil des années 1980, la technologie allait faire un bond en avant grâce… à la cassette !


Ma cassette, ma cassette, on m’a volé ma cassette ! (Molière)

La cassette existait depuis un moment déjà, depuis 1963 exactement, inventée par la société  Philips. On l’appelait alors « cassette audio » ou « minicassette » ou « musicassette » ou encore plus simplement « K7 ». Ce petit support (qui renfermait une bande magnétique embobinée dans une boite en plastique) s’utilisait dans un magnétophone à cassette dit « magnétocassette ».
 

D’une durée de 60mn, puis 90 puis 120, les cassettes audio offraient 2 pistes stéréo dans un sens (face A) et 2 autres dans l’autre sens (face B). Il fallait donc retourner la cassette en fin de face, tel qu’on le faisait pour les microsillons de l’époque. Le succès de ce support était d’ailleurs étroitement lié à celui des disques, les parutions d’albums s’accompagnant de l’édition de la musicassette équivalente préenregistrée (et d’excellente qualité). Par contre en ce qui concerne l’enregistrement direct par l’amateur, la vitesse de la bande (4,75cm/s) n’autorisait pas une reproduction musicale très fidèle. Mais patience…


J’ai pas 6 bras, mais j’ai 4 pistes

Dans les années 80 sortent les premiers enregistreurs multipistes à cassette. Le mien s’intitulait pompeusement « Ministudio TASCAM Porta One ». Comme son nom l’indique, c’était un mini studio d’enregistrement portable (car pouvant fonctionner avec 6 grosses piles). Il fonctionnait avec une cassette audio normale, mais offrait 4 pistes indépendantes. Ce miracle technique avait été rendu possible en faisant défiler la bande dans un seul sens (pas de face B), utilisant ainsi en parallèle les 4 pistes de la bande. Pour une meilleure qualité sonore, la bande tournait à 9,5cm/s, soit le double de ce qui était la norme. L’appareil embarquait également un réducteur de bruit (« Dolby ») afin de limiter le souffle. Un bel engin, donc.
Mais l’atout essentiel de ce matériel c’était ses 4 pistes. On pouvait enregistrer  successivement et indépendamment chacune d’entre elles, sans recopie. On pouvait modifier l’une sans toucher les autres. On pouvait régler les aigus et les graves pour chaque piste et les placer plus ou moins à droite ou à gauche dans l’image stéréo, ce qu’on appelle le mixage. Une révolution ! C’est d’ailleurs à cette époque qu’on a commencé à parler de « Home Studio », autrement dit de
« studio à domicile ».

Bien sûr, là où le bât blesse c’est dans l’enregistrement du mixage. Si on veut écouter le résultat sur un appareil grand-public (chaîne hi-fi ou lecteur cassette), il faut le copier en branchant un simple magnétophone à la sortie du multipiste. Il en découle une inévitable dégradation sonore. Mais bon, on s’en satisfait. Combien de groupes amateurs, dès lors, ont pu proposer leur « maquette » sur une simple cassette ! On dit même que certains disques ont été pressés à partir de là. Au tarif de l’heure de studio, le rapport qualité/prix était  plus qu’avantageux.
 

La Valse Oubliée (extrait)
Composition de Guy Robert
Enregistrement sur Tascam PortaOne - 1986

Il y a 3  guitares, que j’ai enregistrées successivement sur le même instrument, mais sur 3 pistes différentes.
Le mixage a consisté à répartir les instruments dans l’espace sonore :

- à gauche, la guitare d’accompagnement.
- à droite la guitare qui joue le contrechant.
- et au milieu la guitare solo qui joue le thème. 
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Une fausse stéréo donc, mais qui fonctionne et donne de la légèreté à l’ensemble. En dehors de cela, il n’y a aucun autre effet : dans ce type d’appareil pas encore de réverbération pour donner de l’ampleur au son. Si on voulait ce genre d’effet, il fallait le prévoir au départ et enregistrer… dans la salle de bain.


Dinosaures de passage

Au fil des ans, et du progrès, d’autres techniques voient le jour, avec plus ou moins de succès mais toutes basées sur une invention essentielle : l'échantillonnage. 
 

Pour les petits curieux : l’enregistrement numérique
Il faut toujours un microphone dont la membrane vibre en fonction des sons captés, et ces vibrations sont transformées en courant électrique. L’échantillonnage consiste à « découper » le signal en plusieurs tranches (échantillons), 44100 fois par seconde pour la qualité CD, par exemple. Ces échantillons sont convertis en données digitales binaires (0 ou 1). Ces données, à leur tour, peuvent être plus ou moins compressées et filtrées, en fonction de l’usage qu’on en prévoit. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le numérique n’est donc pas obligatoirement meilleur que l’analogique. C’est une technique différente qui permet une écoute sans pleurage ni bruit de surface, mais non sans perte, surtout en ce qui concerne la musique acoustique ou classique. Toutefois, les données étant stockées sous forme numérique, elles ne subissent aucune dégradation dans le temps, sauf celle, éventuellement, du support sur lequel elles sont inscrites : ainsi le CD, pendu dans les branches du cerisier pour éloigner les oiseaux, risque à la longue de moins bien fonctionner…

Ces principes sont mises en œuvre dans le « DAT » (Digital Audio Tape) qui utilise la technologie des magnétoscopes pour enregistrer les signaux audio, sous forme d’échantillons numériques. La qualité est au rendez-vous, cette fois. Elle est même trop bonne, cette qualité. Ce qui oblige les constructeurs à limiter les possibilités de copie sur les appareils qu’ils commercialisent. Le public n’adoptera donc pas cette technologie, à l’inverse des professionnels qui l’utilisaient encore récemment. Personnellement, j’avais acquis un petit enregistreur DAT portatif :
le Aiwa HD S-200 (photo ci-contre, et en-dessous la cassette DAT qu’utilisait ce type d’appareil)
 

 Le son était excellent, mais la mécanique de l’appareil et les bandes se sont avérées un peu fragiles à l’usage.

Autre étoile filante, en 1992 naît, sur le principe du CD, le Mini-Disc (MD). C’est un petit disque CD enfermé dans un boitier en plastique. Là aussi, le principe de l’appareil enregistreur (dans mon cas, le MD-MT190 de chez Sharp) repose sur l’échantillonnage du son. L’enregistrement est donc proche de la qualité CD, sans souffle, ni bruit de surface. Ci-dessous, ce petit enregistreur (à droite) avec son mini-cd très coquet (à gauche).

Ce format sera très prisé par les musiciens amateurs, car facilement mis en œuvre et robuste. Ici, pas de multipistes, simplement un enregistrement stéréo. L’appareil, petit et léger (8cm de côté !) est très pratique à utiliser pour les prises de son sur le vif (reportage, bruitage, concert…) ainsi que pour l’enregistrement d’instruments solistes. Autre avantage : l’appareil gère lui-même l’indexage des enregistrements sur le mini-disc à la manière des plages d’un CD ordinaire. On peut modifier les plages enregistrées : effacement, changement de nom…

Gros succès chez les musiciens donc, mais le grand public boudera ce support au profit du format mp3 qui sort au même moment, et pourtant de moindre qualité que ce mini-disc. Le MP3 va précipiter l’échec du Mini-Disc. Pourtant, après tant d’années, le mien fonctionne toujours très bien et supporte la comparaison avec du matériel plus récent. La preuve…
 

Collines d’Ecosse
Pièce pour guitare composée et jouée par Guy Robert - 2008 
Enregistrement sur Mini-Disc Sharp

La guitare, ici une électro-acoustique, a été branchée directement sur l’enregistreur, après passage dans un effet spécial modifiant le timbre original de l’instrument.

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Numérique, virtuel et compagnie

L’enregistrement numérique du son existait depuis les années 70 dans l’industrie du disque. Dans les années 90, qui voient se développer l’usage de l’ordinateur, l’enregistrement numérique devient à la portée de l’amateur. Le morceau de musique se métamorphose en fichier que l’on peut copier, déplacer, transférer, modifier, sans dégradation ni perdition… comme n’importe quel fichier informatique. Plusieurs marques prestigieuses et reconnues dans le domaine du traitement du son se disputent ce marché naissant (Fostex, Tascam…) avec des engins dignes des professionnels. Certains modèles prennent en charge l’ensemble de la chaine audio, depuis l’enregistrement jusqu’à la gravure du CD (mais ils ne font pas le café !).

Personnellement, dans les années 2000, je me rabats sur du matériel plus modeste,
le Fostex MR8, multipiste digital.

Dans sa pimpante coque toute rouge, il offre 4 pistes mono et 2 pistes stéréo (donc 6 voies indépendantes). Il intègre quelques effets incorporés applicables aux différents canaux, tels que la réverbération qui donne l’impression à l’auditeur d’être dans une chapelle. L’enregistrement s’effectue sur une carte digitale (type « Compact Flash » en ce qui concerne le Fostex), sous forme de fichier (un fichier par piste).

Gros progrès par rapport aux appareils précédents, le report du mixage est également numérique : en fin de travail, on obtient donc un fichier stéréo que l’on peut graver directement tel quel sur CD. Pour cela, l’appareil est connectable à un ordinateur. Pour le musicien multi instrumentiste et solitaire, c’est le rêve.
 

Noël du Bout du Monde
Pièce pour Clarinette et Orchestre
Composée et jouée par Guy Robert – 2004
Enregistré et mixé sur Fostex MR8.

L’orchestre a été joué, instrument par instrument, sur un synthétiseur Roland D20.
La clarinette a été jouée et enregistrée ensuite.

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Petit mais costaud
 
 
Après les années 2000, la miniaturisation de plus en plus poussée des composants électroniques va permettre l’apparition de nouveaux matériels, inimaginables seulement 10 ans auparavant.

Il en va ainsi de ce petit enregistreur numérique portable et multipiste, le H4 de chez Zoom. Il tient pratiquement dans la main, fonctionne avec 2 piles toutes bêtes et regroupe en son sein, si je puis dire : 2 excellents micros stéréo, une carte digitale (petit format) pour stocker les fichiers, un écran pour afficher les réglages et le déroulement des opérations. Il enregistre sur 2 pistes en stéréo ou sur 4 pistes indépendantes monophoniques. Il offre quelques effets audio (réverbérations et autres). Moyennant une bonne vue (car l’écran est très petit) on peut mixer les différentes pistes et sauvegarder le résultat dans un fichier stéréo standard.
C’est également l’appareil parfait pour les enregistrements sur le vif, ce que montre notre exemple sonore ci-dessous.

Ambiance Nature
Bruits captés dans la nature, sur le vif par Guy Robert - 2009
Séquences enregistrées en stéréo sur  Zoom H4

On entend successivement :

- un ruisseau,
-  les pas d’un marcheur sur le sentier,
-  un orage,
-  le chant des oiseaux et la cloche d’un village lointain,
-  puis de nouveau le ruisseau.
Le mixage et le montage de ces différentes séquences ont été réalisés sur ordinateur.

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Le dernier né ?

Dans mon petit studio d’amateur, vient d’arriver depuis peu le dernier matériel de pointe, du moins de ma pointe : le ZOOM R16, « R » pour « recorder » (enregistreur) et « 16 » pour… 16 pistes ! Eh oui, 16 pistes, le luxe. Pour la peine, on a une véritable table de mixage, un grand écran, des micros incorporés, des branchements pour ordinateur et une multitude d’effets embarqués. Il y a même un effet qui permet de dégrader la qualité sonore afin de retrouver le son « basse fidélité » d’antan, un comble !

De nombreuses fonctionnalités permettent de gérer facilement les fichiers sonores. Par exemple copier un enregistrement sur clef USB pour le partager avec ses collègues musiciens. Comportant des micros intégrés de grande qualité et une alimentation possible par piles, l’appareil est complétement autonome et, léger, peut s’emporter partout où on fait de la musique : il fait 1,3 Kg ; à titre de comparaison, mon premier magnétophone en pesait 14 !
Malgré tout, cet équipement ne fait toujours pas le café. Donc en attendant qu’il passe (le café), je vous propose d’écouter l’exemple qui suit. Il a été entièrement enregistré, mixé et finalisé sur cet appareil.
 
 

Retour  à la campagne
Pièce instrumentale composée et jouée par Guy Robert - 2018
Enregistré, mixé et finalisé sur Zoom R16

L’accompagnement est joué sur ordinateur. Les autres parties sont réalisées sur instruments réels : guitare électrique et harmonica, comme dans les airs  « country ». 

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Et l’ordinateur dans tout ça ?

La musique était déjà par essence insaisissable ; avec le numérique, elle devient impalpable. Les supports physiques, ces dernières années, ont tendance à disparaître : de moins en moins de CD, un petit sursaut des microsillons (qu’on appelle « vinyles » maintenant), mais une industrie dominée par la musique dite « en ligne », un simple fichier informatique audio, de qualité moyenne car compressé afin d’être plus léger et de raccourcir ainsi le temps de son téléchargement.

Les différents exemples sonores présentés sur cette page ne sont rien d’autres que des fichiers numériques stockés sur un serveur. En l’occurrence le site « Soundcloud » qui héberge mes « œuvres » parmi des milliers d’autres. Et quand vous avez écouté ces morceaux, rien de matériel n’a été échangé entre vous et moi (du moins je n’ai rien vu passer sur mon compte courant), juste un flux de données transitant par internet et cheminant depuis le serveur jusqu’à votre ordinateur. C’est ce qu’on appelle la « dématérialisation des supports ». Plus de disques, plus de bobines, rien que du fichier. C’est ce qui fait que les matériels modernes d’enregistrement utilisés par les musiciens et preneurs de sons doivent être gérés avec précaution. Au temps jadis (il y a 50 ans !) on rangeait une bande dans une armoire avec une étiquette et basta ! On savait où retrouver ses petits. Maintenant, tout reposant sur un fichier, il faut le sauvegarder, l’identifier, le classer, le stocker et… le conserver. Cette tâche un peu ingrate mais essentielle, s’effectue sur ordinateur. Ça, c’est le minimum. Mais l’informatique peut aller plus loin.

Des logiciels permettent maintenant de faire ce que les magnétophones et autres tables de mixage réalisaient jusqu’à aujourd’hui. Ce sont des outils utilisés par les professionnels pour produire la musique d'aujourd’hui. Certains sont à la portée de l’amateur et sont même distribués gratuitement avec le matériel de prise de son. C’est le cas du logiciel Cubase LE, dont on reproduit l’écran principal ci-dessous :


Le Voyage à Barbizon
Pièce instrumentale composée et jouée par Guy Robert - 2012
Enregistré sur Zoom H4
Mixé sur ordinateur avec le logiciel Cubase LE

2 guitares acoustiques, 1 guitare électrique, 1 orchestre à cordes, 1 flute.

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 Pour ce morceau, j’ai joué un par un les différents instruments et je les ai enregistrés sur un appareil numérique (le Zoom H4 décrit plus haut). Puis les fichiers de ces enregistrements ont été transférés sur ordinateur et chargés dans le logiciel Cubase LE :
- 1 piste de guitare acoustique d’accompagnement
- 1 piste de guitare acoustique solo
- 1 piste de guitare électrique
- 1 piste de cordes (synthétiseur)
- 1 piste de flute (synthétiseur)
Ces différentes pistes, disposées les unes en dessous des autres, sont affichées sous forme d’ondes. Ainsi, ci-dessous, les premières notes de la guitare électrique :

 L’ordinateur permet d’organiser ces pistes très facilement. Ainsi, au début, on n’entend que 2 guitares puis, à la reprise du thème, intervient la guitare électrique accompagnée par les cordes et la flute : il suffit de bien disposer les fichiers les uns par rapport aux autres, en les glissant avec la souris, et le tour est joué !
Comme sur les appareils enregistreurs autonomes, le volume de chaque piste est ajustable, grâce aux « faders », ces petites tirettes verticales qui ont donné naissance à l’expression « être aux manettes ». Ainsi que le placement stéréo, l’envoi des effets… Tous ces réglages sont à sauvegarder dans un seul fichier, et peuvent être ainsi rappelés à tout moment, en rechargeant le projet.
Voilà ! La visite de mon petit musée s’achève ici. Bien évidemment, je n’ai pas fait le tour intégral du matériel existant sur le marché, mais évoqué seulement les machines que je connais et utilise.


Le phonographe du futur

Qu’apporteront les technologies de demain à nous, les petits musiciens amateurs ?
Quelques pistes :

- la quadriphonie ou ambiophonie, la compression du son sans perte (contrairement au format mp3 actuel que vous avez entendu sur cette page…),
- l’enregistrement sur puce ou sur papier (grâce à la technique du code barre lisible sur smartphone),
- la gravure de vinyle chez soi, sur imprimante 3D,…
Reste le plaisir du son. Enregistrer le son, c’est fixer une parcelle du temps, éternellement. C’est être un peu magicien quelle que soit la baguette magique employée. Alors, comme disent tous les sorciers :
« Abracadabra ! »

Abracadabra et vous voilà transporté dans mon antre de sorcier : mon studio, installé avec les matériels évoqués dans ces pages (et que vous pourrez reconnaître au passage), juste avant une séance d’enregistrement.

Alors : « Silence !… » ou plutôt : « Musique ! Ça tourne ! »



Texte, photos et musique de Guy Robert - Le matériel, qui appartient à l’auteur, n’est cité et exposé qu’à titre d’exemple, excluant toute intention publicitaire. ©Linutil – mai 2018