Octobre 2020
Les autres N°



PAPA


Henri ROBERT, notre Papa a disparu en septembre dernier, quelques jours avant son anniversaire où il devait fêter ses 100 ans. Il était un fidèle lecteur de Linutil, dont il suivait, chaque mois, les aventures. C'est d'ailleurs à partir de ses récits que certaines rubriques ont été réalisées, comme celles portant sur l'imprimerie, branche dans laquelle il exerçait son activité professionnelle. Il n'était que juste que Linutil, à son tour, lui rende hommage.
Mais il n'aurait pas voulu qu'on s'apitoie, ni qu'on parle trop de lui, ni qu'on maudisse le mauvais sort qui nous l'a enlevé. Car, debout jusqu'à la fin, il a eu une belle et longue existence. Alors plutôt que de se désoler sur sa mort, nous avons préféré feuilleter l'album de sa vie…

1920-1930
 

1920, année de sa naissance.

C'est l'entre-deux guerres et bientôt l'enthousiasme des années folles. Tout semble sourire au monde d'alors, après les terribles massacres de la 1ère guerre mondiale. Sourire, comme lui, bébé, ici avec son arrière-grand-mère nivernaise.

Dans les années trente, il se prend de passion pour l'aviation, alors naissante. Il assiste à nombre de meetings aériens, très à la mode à cette époque.
 

Ainsi, il ne dédaigne pas poser en "Mermoz", un de ses héros, ou à côté d'un avion. Cette attirance pour l'aéronautique perdura toute sa vie.
 
 

Ne croirait-on pas que le pilote vient de descendre de son avion ? Notre papa a 18 ans sur cette photo. Nous sommes en 1938… et l'horizon européen s'assombrit.


1940
 

Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est durant l'occupation allemande que les hivers seront les plus rigoureux : ici, en décembre 1940 sous la neige, à Draveil (Essonne).

Il est envoyé au "STO" (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne, près de Liepzig, dans une usine qui fabrique des clous. Son manque de cœur à l'ouvrage et le déraillement "malheureux" d'un wagon de marchandises lui vaudront quelques ennuis…
 

Pour paraphraser une citation récente : "C'est dur d'avoir 20 ans en 1940"… Le voilà en juillet 1939 sur une plage de Belle-Isle en Mer. La photo est un peu floue, comme la situation politique du moment. Pourtant, un mois plus tard (en août 39), c'est la guerre, la fin des vacances et le début des années sombres.
 
 

La guerre finie, il fréquente au retour une jeune fille à qui il tentera (vainement) d'apprendre le vélo.
Ils se marient en 1946.


1950-1960
 

Les années "cinquante" voient la naissance de 2 garçons, que l'on retrouve plus tard sur cette photo de famille des années 60 prise à la campagne.

C'est lui qui, d'un trait de crayon, croque ces petits "bonhommes" rigolos qui attaquent des châteaux forts ou se battent en duel.

C'est encore lui qui va fabriquer, pour mon frère et moi, des épées en bois pour nos batailles et nos déguisements, des arcs pour nos concours de tir, ce qui me permettra de briser le verre de l'horloge d'une flèche mal placée…
 

Plus sérieusement, il travaille dans l'imprimerie, comme ses parents avant lui. 
Il connaîtra toutes les mutations qui vont bouleverser cette profession et, ainsi qu'il l'a toujours fait dans son existence, s'y adaptera, avec courage, sans jamais se plaindre.


1970-1980-1990
 

Devenu grand-père, il n'arrête pas de rajeunir. Le voilà dans ses œuvres, participant à une fête à la campagne, et se livrant à son exercice favori : l'improvisation burlesque.
Chapeau, l'artiste !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Plus discret, il a également passé de nombreuses heures studieuses et patientes à confectionner des maquettes, la plus aboutie étant celle de la maison de famille dans la Nièvre.

Tout est fait "maison" : les plans, les matériaux (de récupération). Le résultat, plus vrai que nature, faisait l'admiration de tous, la maquette étant exposée à chaque Noël.

Quelques unes de ses réalisations…

L'église, un soir de Noël.
Les vitraux étaient découpés dans des papiers de bonbons !

Le lavoir du village.
Il y avait le linge, les lavandières et de l'eau véritable !


2000-2010
 
 







Pour ses 90 ans, en 2010, nous lui offrons ce dont il a toujours rêvé : une ascension en montgolfière. Cela se passe au-dessus de Vézelay, en Bourgogne.

Se retrouvant seul, à partir de 2005, notre papa se consacre principalement au jardinage. Il n'hésite pas à grimper les échelles pour faire de la taille…


Passionné de prises de vue, il prend photos et vidéos, se livrant à un véritable reportage.

Cet amour de l'image, fixe ou animée, lui restera jusqu'à la fin de sa vie.

Sur le tard, il se mettra même au numérique !


2020
 

Cette année, il devait entrer dans sa 101ème année. Comme il le disait lui-même : "Jamais je n'aurais pensé aller si loin !"

Certes, son rayon d'action, au fil des ans, s'était peu à peu rétréci. A 94 ans, il avait cessé de conduire (!) ; à 96, il était entré en maison de retraite. Mais toujours volontaire et s'adaptant à tout. Se révélant à lui-même et s'ouvrant aux autres, lui qui avait toujours été un peu solitaire, il en surprit plus d'un, et nous les premiers.

Ainsi, il participa au Conseil de Vie Sociale de l'établissement, et lui qui avait rarement dansé, n'hésitait plus à se lancer sur la piste !


 

C'est d'ailleurs la dernière photo qui fut faite de lui, dansant avec une animatrice, quelques jours avant son départ.
 
 
 
 
 
 

Sans avion, sans montgolfière, sans échelle, il est monté là-haut et danse maintenant parmi les nuages. Lorsque, le plus tard possible, ce sera notre tour de le rejoindre, je suis sûr que, si l'on demande de ses nouvelles, on nous répondra :

"Monsieur ROBERT ? Ah ! Monsieur ROBERT… il est formidable !"


Images extraites des albums-photos de la famille - Texte Guy Robert - Copyright Famille ROBERT - Octobre 2020