Décembre 2021
Les autres N°



Là où tu crèches...


 
Dans notre petite bourgade nivernaise, chaque année, au moment des fêtes de Noël, est organisée une exposition de crèches. Ramenées par des voyageurs, collectées par des collectionneurs, rassemblées par des passionnés, ces crèches viennent du monde entier, plus originales les unes que les autres.  Elles témoignent de l'intérêt général que suscite, depuis des siècles, ce type de représentation.
 

A travers les siècles…
 
 


Reproduction d'un crèche en bois de style baroque (Prague).
Modèle entièrement démontable.
Avant d'être celle que nous connaissons, la crèche fut d'abord vivante. Il s'agissait alors de mettre en scène la Nativité au travers de tableaux vivants. La première crèche de ce type serait due à François d'Assise, en Italie, une nuit de Noël 1223. Les difficultés d'organisation et le caractère temporaire d'une telle installation vont amener les Jésuites à instaurer des crèches permanentes non animées, d'abord avec des personnages grandeur nature et en pierre, puis en bois. On passa ensuite, progressivement, à des modèles plus réduits, avec des personnages indépendants et maniables, pour arriver à la crèche traditionnelle domestique, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

La tradition

Le mot "crèche" désigne en fait la mangeoire pour animaux dans laquelle aurait été déposé l'Enfant-Jésus après sa naissance. Ce terme a ensuite été étendu à l'ensemble du lieu de nativité. Ce lieu reste encore un grand mystère. On parle d'étable, de grotte. En fait, il est probable que Joseph et Marie se soient logés chez des proches, donc dans une maison, et que Marie ait accouché non dans la demeure, trop bruyante et occupée, mais dans une annexe, qui pourrait être l'enclos où était parqué l'âne qui l'avait amenée jusque là, ou dans une grotte attenante à la maison. 


C'est cette scénographie que nous avons retenue pour notre crèche personnelle (ci-dessus) :
bœuf et âne des années 50, paille véritable et grotte en carton !

Quant aux personnages présents ce jour-là, on retiendra bien entendu le saint "trio" : Joseph, Marie et le bébé Jésus (qu'on ne met dans la crèche que le 25 décembre à minuit), mais aussi, le bœuf (amené par Joseph pour le vendre, semble-t-il), l'âne qui transporta la Sainte-Famille, quelques bergers et leurs moutons, qui seront les premiers avertis de la naissance de Jésus puis, plus tard les rois mages quand ils arriveront. On peut ajouter, selon la mode sulpicienne qui va s'imposer au 19ème siècle dans le style des crèches, un ange et une étoile.
 

Essor et démocratisation

Des variantes vont enrichir la tradition. En particulier, en Provence, les santons ("santoun" : petits saints, en provençal) vont envahir la crèche au tout début du 19ème siècle. A travers eux, on représentera tous les métiers, même les plus modernes et les plus anachroniques, toutes les conditions, depuis le "fada" jusqu'au bon vieux curé rondouillard et pressé de dire ses trois messes basses. Certains fabricants  vont jusqu'à reproduire des figures ou des situations célèbres (comme par exemple la "partie de cartes" de Pagnol).

La réalisation des personnages en terre cuite, par l'intermédiaire d'un moule, va permettre le développement de la crèche et la mettre à portée de tout un chacun. 


Revenons à notre petit village et habillons-nous chaudement. Descendons, le long de la rue enneigée, vers la chapelle qui illumine la nuit. Là, entre deux chants de Noëls, nous admirerons l'installation de la crèche, avec ses santons centenaires, au visage de terre cuite et aux vêtements de papier. Et comme les rois mages, certaines de ces réalisations viennent de loin…


Madagascar
Une crèche tout en bois, sculptée au couteau.



Egypte
En argile, séchée au soleil et peinte à la main.
A noter, la végétation et l'habitat typique, assez proches sans doute
de ce qu'on pouvait trouver à Bethléem, à l'époque de Jésus.


Japon
Simplicité des formes et du décor, mais tout est dit.


Costa-Rica

Toute l'originalité de cette crèche est dans son contenant : une boule de Noël brisée qui montre la Nativité comme à l'intérieur d'une grotte. Et malgré l'exigüité des lieux, tous les personnages principaux y sont rassemblés, même les 3 rois mages et leurs offrandes.

 
 

Cracovie (Pologne)

Une crèche peu catholique bien qu'orthodoxe. Ces magnifiques constructions sont portées à dos d'homme durant la procession de Noël.


Pérou
Costumes traditionnels et musique des Andes pour cette crèche d'Amérique du Sud.



Kenya
Tous les personnages et éléments du décor sont réalisés en fibres de bananier.



Bretagne
Et l'on finit ce petit tour du monde par une crèche bretonne :
à l'instar des santons de Provence, voici les santons de Bretagne.
Chouchen et cornemuses nécessaires pour chanter Noël.



 

Dans une seconde partie, l'exposition proposait des crèches  modernes, réalisées, le plus souvent, par des artistes locaux.
 
 
Pour les passionnés de lecture

Une crèche dessinée et découpée dans l'épaisseur des pages d'un livre.

Et pour les passionnés du jeu...

... la crèche des joueurs de cartes invétérés !
 
 

Un dernier petit clin d'œil
Originale, cette scène de la Nativité,
entièrement confectionnée à l'aide de petites cuillères,
est l'œuvre d'Emile, un jeune artiste de 9 ans.



Notre visite se termine avec cette splendide maquette, celle à l'échelle 1/43ème de l'église de Donzy, ville où se tenait cette belle et riche exposition des crèches du monde. 


JOYEUSES FETES DE FIN D'ANNEE A TOUS !


Texte, photos et mise en page de Guy et Claudine Robert
Exposition des crèches de Donzy
Maquette de M. Bailly
©Linutil – décembre 2021