C’est le printemps. Et comme chaque année, ce sont les primevères qui l’annoncent, au son feutré de leurs petites trompettes éclatantes de couleurs. On n’a pas eu à les chercher longtemps pour les dénicher, au coin des vieux massifs où elles s’étaient cachées tout cet hiver. Ce matin, elles sont là, toutes pimpantes, resplendissant
au soleil, soleil dont elles semblent régler la course, tant elles
sont fidèles au rendez-vous d’équinoxe.
Equinoxe ? Pour ceux qui se le demandent, l’équinoxe est l’instant de l’année où les nuits sont égales aux jours. Il y a donc 2 équinoxes : un au printemps et un en automne. Compte tenu du calendrier que nous utilisons (le « grégorien ») et du temps que met la Terre à faire le tour du Soleil (un nombre de jours qui ne tombe pas juste : 365 jours, 5 heures et 46 minutes), les équinoxes ne surviennent, d’une année sur l’autre, ni le même jour, ni à la même heure. Ainsi le 1er jour du printemps peut tomber le 19, le
20 ou le 21 mars. Cette année, c’est le 20, comme les années
précédentes et comme les suivantes, car il faudra attendre…
2102
pour revoir le printemps un 21 mars. Par contre on le verra (du moins quelques
uns d’entre nous) en 2044 le 19 mars, et ça sera la première
fois depuis … 1796 !
Mais de tous ces calculs savants et astronomiques, les petites primevères s’en moquent et profitent du soleil revenu. Elles ne savent pas, les pauvres, que les jours leur sont
comptés, que bientôt leurs belles couleurs disparaîtront
et qu’elles ne seront plus qu’herbe sauvage, anonymes et inaperçues.
N’étant jamais allées à l’école, elles ignorent
tout de ce fragile destin et, dans leur bienheureuse ignorance, se croient
éternelles. Comme nous…
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