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LES VOYAGEURS DU CIEL
 En levant les yeux, on les voit passer
dans le ciel, roulant d'un bord de l'horizon à l'autre. Mais d'où
viennent-ils comme ça, les nuages ?
Si on ignore d'où ils viennent,
on ne sait pas davantage où ils vont. Eux, pourtant, semblent le
savoir, car leur cohorte franchit allègrement et sans hésitation
des kilomètres de collines, y faisant onduler leur ombre fuyante.
A l'occasion d'une étape, ils posent leurs grosses fesses et opulentes poitrines sur nos horizons qui s'en trouvent soudainement tout bouchés.
Encore heureux quand ils ne brandissent
pas un poing de plume en nous menaçant de leurs foudres…
… car c'est alors, sous l'orage imminent, que l'homme redevient cet être primitif qui courbe le dos et se cache dans la grotte où vivaient ses ancêtres.
Puis les nuages domestiquent leur colère de coton qui retombe comme un soufflé. Après la pluie, le beau temps ; et les hommes sortent rassurés sur le seuil des maisons.
Instinctivement, ils lèvent le nez vers le ciel, en flairant l'air, puis concluent, retournant à leur ouvrage : "il va faire beau !"
Et les nuages de continuer leur chemin de vent, moqueurs, se déjouant de toutes ces prévisions terrestres.
Texte et photos de Guy Robert
– © Linutil Juin 2022
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