Octobre 2022

 
Les autres N°


UN COIN DE POLOGNE



 

 
Cracovie ("Karków" en polonais) est l'ancienne capitale de la Pologne ("Polska"). Venant directement de France, on y arrive par un aéroport ultra moderne dont la façade, tout en verre et légèrement inclinée vers le sol, reflète la rue dans une vision futuriste et irréelle.

De cette promenade dans Cracovie et ses environs, nous avons retenu 4 lieux emblématiques. Très différents les uns des autres, ils demeurent, aux yeux des touristes que nous sommes, incontournables et inoubliables.



1. – La Basilique Sainte-Marie
 
Sur la Place du Marché de Cracovie, se dresse la Basilique Sainte-Marie avec ses deux tours jumelles mais de hauteurs différentes bâties, selon la légende, par deux frères rivaux.

Sur la plus élevée des deux tours, à chaque heure du jour et de la nuit un héraut vient sonner de la trompette successivement vers les 4 points cardinaux de la ville. Il joue toujours la même mélodie (dite "hejnal") et celle-ci s'arrête brusquement en plein milieu de la phrase musicale. 

Ce rite étrange ferait référence à une ancienne légende…
 

Lors d'une invasion des Mongols, le guetteur perché sur la grande tour de la Basilique voulut donner l'alerte en soufflant dans sa trompe. 

Hélas, une flèche ennemie lui transperça la gorge avant qu'il ne puisse terminer. C'est cette interruption dans la mélodie qui, aujourd'hui encore, rend hommage au courageux gardien.
 


2. – La Mine de Sel de Wieliczka

A 14km de Cracovie, la mine de sel de Wieliczka ouvre ses galeries secrètes aux touristes. Après une descente dans l'obscurité et le vacarme par les cabines d'ascenseur d'origine, on se retrouve à 130 mètres sous terre, dans un monde digne des "Indes Noires" de Jules Verne.

Toutefois, ce n'est pas du charbon qu'on extraie ici, mais du sel gemme et ce depuis le 13ème siècle. Dès les années 1700, la mine s'ouvre aux visites. Il est alors de bon ton de s'y montrer et d'y venir contempler le travail de ces ouvriers des ténèbres. Au début du 20ème siècle, descendre dans la mine devient un geste patriotique, rendant hommage au courage des hommes et aux richesses naturelles du pays qu'il convient de protéger de la menace envieuse des états voisins.

Mais cette promiscuité entre exploitation minière et tourisme souterrain n'est pas sans risques. D'autant que, parallèlement à l'extraction du sel gemme, on récupère également le sel par évaporation de la saumure obtenue en noyant certaines galeries. L'eau ainsi injectée fragilise la mine et risque d'en précipiter l'effondrement. En 1996, on stoppe donc toute exploitation et on aménage les lieux afin de les consacrer uniquement au tourisme de masse.
 
 

Creusés sur 9 niveaux, les 300 kilomètres de galerie, qui descendent à plus de 300m de profondeur, ne sont ouverts que partiellement aux visiteurs. Des scènes avec outils d'époque et mannequins évoquent le dur travail des ouvriers d'alors. En cheminant au long de profondes galeries, on découvre une véritable ville. Boutiques, restaurant, sanatorium (!) et une église, grande comme une nef de cathédrale, où tout a été sculpté dans le sel : statues, escaliers, inscriptions, bas-reliefs, colonnes, jusqu'aux lustres dont les pampilles (en sel, bien sûr) scintillent dans la lumière.

On remonte à la surface, un peu étourdis de ce voyage dans le temps et dans les entrailles de la terre.
 



 

3. – Auschwitz – Birkenau

Durant la Seconde Guerre Mondiale, la Pologne a payé un lourd tribut à la folie nazie. Son sol, envahi, martyrisé, a porté les plus effroyables camps de la mort de l'Histoire. La Pologne d'après-guerre et celle d'aujourd'hui ont fait de ces lieux terribles un musée mémoriel où, chaque année, des milliers de visiteurs viennent rendre hommage, ne serait-ce que par leur présence, aux victimes innocentes de la barbarie.

"Arbeit macht frei"

Au-dessus du portail d'entrée de ce camp de déportation, qui allait bien vite devenir le plus grand camp d'extermination du IIIème Reich, s'affichait la devise honteuse et diabolique "Arbeit macht frei" ("Le travail rend libre"). 

Miradors

Entre les doubles clôtures de barbelés électrifiés, patrouillaient les SS et leurs chiens. Très peu d'évasions dans ce camp. Et s'il y eut quelques révoltes, elles furent toutes durement réprimées. Un destin hors du commun échut à Witold Pilecki. Ce polonais, d'un peu plus de 40 ans à l'époque, se fait volontairement arrêter et déporter à Auschwitz afin de recueillir des informations sur ce qu'il s'y passe. Il parvient à s'évader et à renseigner les alliés, dès septembre 1940, sur les atrocités commises dans les camps !
 
 

La Porte de l'Enfer

On pourrait nommer ainsi le trop célèbre portail de Birkenau qui, au bout des rails, ouvre sur le néant. Ici, vont être déportées 1.300.000 personnes. 1.100.000 mourront, dont 900.000 le jour même de leur arrivée. 90% des morts étaient juifs.
 
 

Nuit et Brouillard

C'est à bord de wagons tels que celui-ci, sans fenêtres, et après avoir parfois traversé l'Europe pendant plus d'une semaine, qu'étaient acheminés les déportés jusqu'au camp. A leur arrivée, c'est sur ce quai que les nazis procédaient à la "sélection", faisant un tri inhumain entre ceux qui allaient pouvoir travailler et les autres.
 
 

"La Vie Est Belle"

Ce genre de baraquement en bois (ici, une reconstitution) ouvert à tous les vents (-30° en hiver dans cette région) servait de dortoir aux déportés. Le film "La vie est belle"  du réalisateur italien Roberto Benigni, comme nombre d'autres films sur l'Holocauste, s'est inspiré de ce lieu pour ses décors.


Par pudeur et respect, nous n'avons pas pris de photos des vitrines rassemblant les objets (lunettes, valises, chaussures…) pris aux déportés à leur arrivée dans le camp, avant leur extermination. Pour la même raison, nous ne présentons pas ici de vue des chambres à gaz.

Visite éprouvante mais nécessaire. Chaque année, des centaines de lycéens viennent de France approfondir cette terrible et dramatique page d'Histoire. Et c'est bien le but poursuivi par le musée d'Auschwitz-Birkenau : ne pas oublier…



 

4. – Au fil de l'eau

Au pied des Carpates, chaîne de montagne qui traverse l'Europe Centrale, coule la rivière Dunajec. Au sein du massif des Piénines, où elle a creusé de profondes gorges, elle marque la frontière entre la Pologne, au nord, et la Slovaquie, au sud.

Des radeaux, constitués de plusieurs barques accotées les unes aux autres, permettent de descendre la rivière et de connaître ainsi le frisson de l'aventure. Au milieu de (petits) rapides provoqués par l'étroitesse des gorges, les bateliers, en costume folklorique, guident leur embarcation à l'aide de grandes perches. Il faut 2 bonnes heures pour parcourir les 12 kilomètres de cette promenade dans sa version la plus longue. Navigation rafraichissante, ponctuée de magnifiques panoramas sur les montagnes environnantes, comme le "Pic des Trois Couronnes", sur la faune sauvage et sur les premières lumières de l'automne.
 
 

Radeau sur le Dunajec

Les gorges dominant la rivière

Batelier en action

Le Pic des Trois Couronnes...

...et la chaine des Carpates






Du haut de ses châteaux et de ses montagnes, du fond de ses forêts, du porche de ses églises baroques, la Pologne, éternelle amie de la France, nous salue.
 
 


Texte de Guy Robert – Photos de Claudine Robert
Merci à l'association "Le Club de l'Avenir" de Morangis et à ses responsables qui ont organisé ce voyage ;
merci aux différentes guides polonaises qui nous ont accompagnés dans cette découverte,
ainsi qu'au groupe sympathique qui y a participé.
Copyright Linutil – Octobre 2022