Quelle plus belle saison que l'été, pour se promener
par les chemins creux de nos campagnes ? Notre regard se perd à
l'horizon, tandis que plus près de nous, à nos pieds, tout
un petit monde existe, que nous ignorons : mille et une plantes accompagnent
nos pas. Bien connues autrefois, elles participaient à la pharmacopée
de nos ancêtres. De nos jours, elles filent le long de la route,
à la vitesse de nos voitures, brume grise, mélangée,
anonyme, que nous ne voyons plus.
Alors, arrêtons nous un moment dans ce sentier ombragé
et feuilletons l'herbier des petites fleurs de nos campagnes. Au temps
où la photographie n'existait pas encore, d'anciens botanistes ont,
avec patience et passion, dessiné ces plantes dans leurs moindres
détails. Ces véritables petits chefs-d'œuvre (appelés
"planches botaniques") illustreront avec bonheur notre propos. Ces planches,
beaucoup plus précises et complètes que peuvent l'être
de simples photographies sont d'ailleurs toujours utilisées par
les chercheurs.
Grande Berce
Heracleum sphondylium
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Comestible, mais photo sensibilisante : elle peut provoquer des brûlures
de la peau après contact avec la sève suivi d'une exposition
au soleil.
Ombellifère, il ne faut pas la confondre avec le panais, l'angélique
ou la célèbre et terrible cigüe.
La berce entre dans la composition du fameux potage russe, le "bortsch",
qui lui doit son nom.
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Coquelicot
Papaver rhoeas
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Le coquelicot, appartient au groupe des plantes "messicoles", c'est-à-dire
associées à l'agriculture, depuis la nuit des temps, en particulier
aux céréales. L'usage des herbicides l'avait fait, durant
un temps, pratiquement disparaître. Le retour à une agriculture
plus raisonnée ramène cette espèce en bordure des
champs.
Les graines du coquelicot, contenues dans des capsules sphériques
caractéristiques, sont minuscules. Un seul plant peut produire près
de 50.000 graines.
Rouge comme le sang ou la crête du coq (dont le cocorico lui a
donné son nom), cette fleur symbolise le courage et la passion,
"comme un petit coquelicot, mon âme", chantait Mouloudji…
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Chèvrefeuille
du Japon
Lonicera japonica
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Liane très vigoureuse et parfumée, elle grimpe aux arbres
et peut finir par les étouffer.
Elle est souvent utilisée comme plante médicinale (antibactérienne
et anti-inflammatoire).
Mais son plus grand mérite est d'embaumer nos soirées
et nos chemins de promenade.
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Grande Mauve
Malva sylvestris
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Sa présence indique la proximité, actuelle ou ancienne,
d'une habitation dans les parages, car issue d'une espèce cultivée.
Cette plante était autrefois censée guérir toutes
les maladies, des affections respiratoires jusqu'aux ulcères d'estomac
et aux fractures. D'où sa popularité.
On peut également la déguster en salade, en soupe ou en
ragout. Une plante précieuse, donc…
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Bleuet
Cyanus segetum
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On l'appelle parfois "audefoin", "barbeau","blavelle" ou "casse-lunettes"
(l'eau de bleuet apaise les yeux irrités).
Comme le coquelicot, c'est une plante messicole, très souvent
associée à l'agriculture céréalière.
Si l'espèce n'est pas menacée, elle est toutefois en nette
déclin.
Sous son nom de "barbeau", cette fleur a inspiré le motif dit
"barbeau" qui habillait les faïences et les porcelaines au 18ème
siècle, décor que prisait particulièrement la Reine
Marie-Antoinette.
Enfin, si le bleuet est le symbole de la richesse et de la délicatesse,
il est devenu également celui de la mémoire et de la solidarité
envers les anciens combattants et victimes de guerre, étant une
des rares espèces à survivre sur les champs de bataille. |
Epiaire des Bois
Stachys sylvatica
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On la nomme également "Ortie puante", ce qui n'est ni sympathique
ni avéré, à moins d'en froisser les feuilles.
Pourtant, les feuilles, justement, et les jeunes pousses peuvent être
consommées crues, en salade (parfum de serpillère mouillée,
"ce que tout le monde n'apprécie pas" dixit Wikipédia !).
Par contre, chaude et en potage, la plante dégage alors une odeur
de cèpe. Bon appétit aux amateurs !
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Ronce commune
Rubus fruticosus
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Très commun, on en trouve partout. Ça pique, car elles se
défendent ainsi contre l'appétit des herbivores.
Heureusement, la ronce a d'autres vertus. Avec ses feuilles on guérit
les troubles digestifs des veaux et des porcelets. Le "thé de ronce",
à partir de feuilles séchées, est une tisane peu coûteuse.
Bien entendu, il y a le fruit, le "mûron", à consommer cru
ou cuit, en salade de fruits, en tarte ou directement sur le roncier, pour
les cueilleurs les plus gourmands. La mûre fait ainsi pardonner aux
épines.
Pour l'homme, les feuilles de ronce ont des propriétés
médicinales (diurétiques et antidiabétiques) reconnues.
Les mûrons fermentés produisent la crème de mûre,
indissociable du kir, autre remède… Enfin, les rameaux de ronce,
une fois les épines retirées, peuvent être tissés
pour la vannerie (corbeilles et paillassons).
Comme quoi même les plantes les plus ingrates ont leur utilité
sur cette bonne vieille terre. |
La Saponaire
Saponaria
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On devrait dire "les" saponaires, car il en existe de
multiples espèces, la plus connue, sinon la plus courante, étant
la saponaire officinale (saponaria officinalis). Elle doit son nom
au fait que son rhizome contient des saponines qui font mousser
l'eau. Cela peut être un substitut au savon et autres poudres à
laver.
Cette plante a donc de nombreuses utilisations : médicale (contre
les rhumatismes, la goutte, l'acné) ; domestique, comme on vient
de le voir (lavages délicats, lavage des tissus noirs) et enfin
culinaire (gélification, dans la fabrication de la guimauve, par
exemple).
Qui plus est, la fleur est odorante (subtil parfum d'œillet) et entre
dans la composition de jolis bouquets rustiques.
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Gesse des Prés
Lathyrus pratensis
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Par sa forme ressemble au pois de senteur (même famille). Etuvée
ou frite, elle accompagne très bien, nous dit-on, les plats de petits
pois.
Toutefois, consommée en grande quantité, la variante cultivée
de cette plante est dangereuse, provoquant une maladie dégénérative
des muscles, le lathyrisme.
On se contentera donc de l'admirer dans un vase, posé au soleil
sur la table, au retour de notre promenade.
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Cette chronique a été réalisée sur une
idée de Claudine Robert et avec son aide, au cours de différentes
promenades autour de notre village nivernais.
Les photos ont été prises par l'auteur, sur place.
Les informations ont été collectées sur le web, essentiellement
"Wikipédia", et les planches botaniques (libres de droit) également
récupérées sur internet.
© Linutil,
Guy et Claudine Robert – juillet 2024
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