Juillet-Août 2024

 
Les autres N°



Petites fleurs des champs et des chemins



Quelle plus belle saison que l'été, pour se promener par les chemins creux de nos campagnes ? Notre regard se perd à l'horizon, tandis que plus près de nous, à nos pieds, tout un petit monde existe, que nous ignorons : mille et une plantes accompagnent nos pas. Bien connues autrefois, elles participaient à la pharmacopée de nos ancêtres. De nos jours, elles filent le long de la route, à la vitesse de nos voitures, brume grise, mélangée, anonyme, que nous ne voyons plus.

Alors, arrêtons nous un moment dans ce sentier ombragé et feuilletons l'herbier des petites fleurs de nos campagnes. Au temps où la photographie n'existait pas encore, d'anciens botanistes ont, avec patience et passion, dessiné ces plantes dans leurs moindres détails. Ces véritables petits chefs-d'œuvre (appelés "planches botaniques") illustreront avec bonheur notre propos. Ces planches, beaucoup plus précises et complètes que peuvent l'être de simples photographies sont d'ailleurs toujours utilisées par les chercheurs.



 
Grande Berce
Heracleum sphondylium







Comestible, mais photo sensibilisante : elle peut provoquer des brûlures de la peau après contact avec la sève suivi d'une exposition au soleil.

Ombellifère, il ne faut pas la confondre avec le panais, l'angélique ou la célèbre et terrible cigüe.

La berce entre dans la composition du fameux potage russe, le "bortsch", qui lui doit son nom.
 


Coquelicot
Papaver rhoeas

Le coquelicot, appartient au groupe des plantes "messicoles", c'est-à-dire associées à l'agriculture, depuis la nuit des temps, en particulier aux céréales. L'usage des herbicides l'avait fait, durant un temps, pratiquement disparaître. Le retour à une agriculture plus raisonnée ramène cette espèce en bordure des champs.

Les graines du coquelicot, contenues dans des capsules sphériques caractéristiques, sont minuscules. Un seul plant peut produire près de 50.000 graines.

Rouge comme le sang ou la crête du coq (dont le cocorico lui a donné son nom), cette fleur symbolise le courage et la passion, "comme un petit coquelicot, mon âme", chantait Mouloudji…
 


Chèvrefeuille du Japon
Lonicera japonica







Liane très vigoureuse et parfumée, elle grimpe aux arbres et peut finir par les étouffer.

Elle est souvent utilisée comme plante médicinale (antibactérienne et anti-inflammatoire). 

Mais son plus grand mérite est d'embaumer nos soirées et nos chemins de promenade.
 

 


Grande Mauve
Malva sylvestris







Sa présence indique la proximité, actuelle ou ancienne, d'une habitation dans les parages, car issue d'une espèce cultivée.

Cette plante était autrefois censée guérir toutes les maladies, des affections respiratoires jusqu'aux ulcères d'estomac et aux fractures. D'où sa popularité.

On peut également la déguster en salade, en soupe ou en ragout. Une plante précieuse, donc…
 

 


Bleuet
Cyanus segetum
 
 


 

On l'appelle parfois "audefoin", "barbeau","blavelle" ou "casse-lunettes" (l'eau de bleuet apaise les yeux irrités). 

Comme le coquelicot, c'est une plante messicole, très souvent associée à l'agriculture céréalière. Si l'espèce n'est pas menacée, elle est toutefois en nette déclin. 

Sous son nom de "barbeau", cette fleur a inspiré le motif dit "barbeau" qui habillait les faïences et les porcelaines au 18ème siècle, décor que prisait particulièrement la Reine Marie-Antoinette.

Enfin, si le bleuet est le symbole de la richesse et de la délicatesse, il est devenu également celui de la mémoire et de la solidarité envers les anciens combattants et victimes de guerre, étant une des rares espèces à survivre sur les champs de bataille. 


Epiaire des Bois
Stachys sylvatica




On la nomme également "Ortie puante", ce qui n'est ni sympathique ni avéré, à moins d'en froisser les feuilles.

Pourtant, les feuilles, justement, et les jeunes pousses peuvent être consommées crues, en salade (parfum de serpillère mouillée, "ce que tout le monde n'apprécie pas" dixit Wikipédia !). 

Par contre, chaude et en potage, la plante dégage alors une odeur de cèpe. Bon appétit aux amateurs !
 

 


Ronce commune
Rubus fruticosus
 
 

Très commun, on en trouve partout. Ça pique, car elles se défendent ainsi contre l'appétit des herbivores. 

Heureusement, la ronce a d'autres vertus. Avec ses feuilles on guérit les troubles digestifs des veaux et des porcelets. Le "thé de ronce", à partir de feuilles séchées, est une tisane peu coûteuse. Bien entendu, il y a le fruit, le "mûron", à consommer cru ou cuit, en salade de fruits, en tarte ou directement sur le roncier, pour les cueilleurs les plus gourmands. La mûre fait ainsi pardonner aux épines.

Pour l'homme, les feuilles de ronce ont des propriétés médicinales (diurétiques et antidiabétiques) reconnues. Les mûrons fermentés produisent la crème de mûre, indissociable du kir, autre remède… Enfin, les rameaux de ronce, une fois les épines retirées, peuvent être tissés pour la vannerie (corbeilles et paillassons).

Comme quoi même les plantes les plus ingrates ont leur utilité sur cette bonne vieille terre. 


La Saponaire
Saponaria

 

On devrait dire "les" saponaires, car il en existe de multiples espèces, la plus connue, sinon la plus courante, étant la saponaire officinale (saponaria officinalis). Elle doit son nom au fait que son rhizome contient des saponines qui font mousser l'eau. Cela peut être un substitut au savon et autres poudres à laver.

Cette plante a donc de nombreuses utilisations : médicale (contre les rhumatismes, la goutte, l'acné) ; domestique, comme on vient de le voir (lavages délicats, lavage des tissus noirs) et enfin culinaire (gélification, dans la fabrication de la guimauve, par exemple).

Qui plus est, la fleur est odorante (subtil parfum d'œillet) et entre dans la composition de jolis bouquets rustiques. 
 


Gesse des Prés
Lathyrus pratensis

Par sa forme ressemble au pois de senteur (même famille). Etuvée ou frite, elle accompagne très bien, nous dit-on, les plats de petits pois.

Toutefois, consommée en grande quantité, la variante cultivée de cette plante est dangereuse, provoquant une maladie dégénérative des muscles, le lathyrisme.

On se contentera donc de l'admirer dans un vase, posé au soleil sur la table, au retour de notre promenade. 
 



Cette chronique a été réalisée sur une idée de Claudine Robert et avec son aide, au cours de différentes promenades autour de notre village nivernais.

Les photos ont été prises par l'auteur, sur place. Les informations ont été collectées sur le web, essentiellement "Wikipédia", et les planches botaniques (libres de droit) également récupérées sur internet.


© Linutil, Guy et Claudine Robert – juillet 2024