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Dans une des chroniques passées ("Collection",
chronique n° 259 de septembre 2024), nous avions visité
l'univers de Peynet, grâce aux cartes postales inspirées de
son œuvre. Cette fois, toujours collectionnés par la famille, c'est
aux dessins de Germaine Bouret (1907-1953) que nous nous intéressons
aujourd'hui. Et plus particulièrement aux cartes postales qu'elle
a éditées entre les années 1930 et 1950.
"Voisine, si vous avez besoin d'un coup de main, faut pas vous gêner !..." Germaine Bouret se destine très jeune au dessin. Son talent, rapidement reconnu, l'amène à travailler pour les journaux et pour la maison de haute couture Jeanne Lanvin. Elle a vingt ans quand elle fonde sa première société, les Editions Bouret. Elle va alors centrer une grande partie de son activité sur la réalisation de séries de cartes postales, souvent thématiques : les petits métiers, les fêtes, la guerre, les sujets religieux… Sa source d'inspiration quasi exclusive est l'enfance. Elle met donc en scène les enfants de la rue, leur prêtant des propos et des attitudes calqués sur ceux de leurs parents que ces petits bonhommes et ces petites bonnes femmes tentent, naïvement, de reproduire. Germaine Bouret travaille en étroite collaboration avec Marcel, son frère jumeau. C'est lui qui écrit les textes des dialogues et des légendes qui accompagnent les illustrations de sa sœur. Ces scénettes pleines d'humour et à l'accent faubourien ont un tel succès que la publicité (on disait alors "la réclame") va bientôt s'en emparer. Elle travaille donc pour de grandes marques dont certaines, toujours présentes actuellement, utilisent encore ses dessins. On peut citer LESIEUR, NESTLE, BLEDINA, ou encore PETIT BATEAU… C'est elle qui, pour l'eau minérale gazeuse VITTELLOISE, trouve le slogan "L'eau qui chante et qui danse". Au sommet de son art, elle transforme sa première société en "Ateliers Bouret", ayant comme activité principale le dessin publicitaire, la réalisation et l'édition de cartes postales, de gravures, d'affiches, de menus… Elle est approchée par Walt Disney himself qui, compte tenu du talent de la petite française, l'invite à rejoindre ses studios américains. Mais elle refuse de s'expatrier. Walt Disney dira d'elle plus tard qu'elle "était la plus grande dessinatrice de son époque".
"Dites, patronne, c'est bien avec ce crayon-là qu'on fait les queues aux zéros ?" Après la Seconde Guerre Mondiale, elle réalise de nombreuses illustrations pour des livres, des pochettes de disques et des livres animés. Pour ceux-ci, elle utilise de savants procédés de découpage et de mise en mouvement, techniques qui seront regroupées plus tard sous le vocable de "Pop-Up" (voir à ce sujet notre chronique n°82 de mars 2008 : "Les livres surgissants"). Elle ira même jusqu'à éditer des livres à systèmes encore plus complexes, comme cet ouvrage ("Le voyage lumineux de Nénette", visible à la Médiathèque de Monaco, sur rendez-vous) regroupant des dessins sur papier transparent que l'on pouvait éclairer grâce à une lampe intégrée à la reliure et à brancher sur le 110 Volts, courant de l'époque !
Exemple de série thématique : les petits métiers
anciens, ici "le raccommodeur de porcelaine"...
"Ah ! Madame, j'en ai raccommodé des ménages !..."
"Je les ai mangées pour pas qu'elles fondent !" Germaine Bouret disparaît en 1953 à l'âge
de 46 ans. Son frère jumeau, dont vous avez pu apprécier
l'humour au fil des légendes reproduites ici, lui survivra jusqu'en
1986. Leurs gamins de papier, eux, sont éternels…
© Linutil - Février 2025 |