Le printemps est là. On a parfois l’impression
que c’est presque l’été et, avec la nuit qui tombe, s’allume
au-dessus de nos têtes le vertigineux tourbillon des étoiles.
On aime les contempler, les suivre dans leur ascension : en fait, elles
ne bougent pas, seule notre Terre tourne. Car, oui, on le sait depuis Galilée,
la Terre est ronde et tourne autour du Soleil, soleil qui n’est lui-même
qu’une étoile, parmi des milliards d’autres. La lune, elle, tourne
autour de la Terre et, à la voir quand elle est pleine, on pourrait
croire qu’elle est aussi grosse que le Soleil. Tout ceci n’est qu’apparence
et relativité. Nous allons donc aujourd’hui tenter de nous faire
une idée d’ensemble de l’univers mystérieux qui nous entoure,
de ses proportions et de la place que nous y occupons. Vaste sujet…
A - Des chiffres « astronomiques
»
Le diamètre de la Terre est de 12700 km et celui
de la Lune, 4 fois moins.
Si la Terre était une pièce de
10 centimes, la Lune aurait la taille d’un confetti de 5mm
et serait éloignée de 60 cm de notre petite pièce,
comme figuré ci-dessous :

Le Soleil, lui, est 110 fois plus volumineux
que
la Terre et à 150 millions de km. A l’échelle de notre
pièce de 10 centimes représentant la Terre, le Soleil serait
une boule de 220 m de diamètre, située à 240 m plus
loin.
Nous ne sommes pas seuls autour du Soleil. D’autres planètes
font la ronde avec nous, formant notre système solaire. Nous avons
dans l’ordre, à partir du Soleil :
Mercure – Vénus – La Terre – Mars – Jupiter
– Saturne – Uranus – Neptune
(Pluton n’étant plus considérée comme une véritable
planète, ne figure donc plus dans cette liste).
Ainsi Neptune, planète du système
solaire la plus éloignée de chez nous, est à environ…
4,5 milliards de km ! De tels chiffres sont difficiles
à concevoir et encore plus à manier. Aussi les astronomes
adoptent une autre méthode que le système métrique
pour mesurer les distances à l’intérieur du Système
Solaire. Ils ont donc choisi comme unité de mesure l’Unité
Astronomique (UA ou AU en anglais) qui est égale à
la distance Terre-Soleil. Soit :
1 UA = 150 millions de km
Ce qui « rapproche » Neptune à 29 UA
de notre Terre, alors que Mars, notre voisine,
est à « seulement » 0,52 UA.
Photo
de Mars prise par la Nasa. La Planète Rouge au premier plan, plus
loin la Terre, notre planète bleue.
Notre Système Solaire s’étend donc, en une
belle ellipse, sur 60 Unités Astronomiques. Pour poursuivre
la métaphore, nous dirions que notre système occupe la surface
de Paris, que le Soleil est à Notre-Dame et notre petite pièce
de 10 centimes (la Terre) à la Sainte-Chapelle.
B – Toto, le photon
La
Voie Lactée, vue de la Terre.
Elle
nous apparaît comme la tranche
d’un
disque dont nous occupons
un
des bords, (voir ci-dessous l'illustration
montrant
la place du Système Solaire
dans
notre Galaxie).
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Par une belle nuit profonde d’été,
si vous levez la tête, vous pourrez admirer une grande traînée
blanchâtre traversant le ciel. Il s’agit de la Voie Lactée,
autrement dit la galaxie à laquelle appartient le Système
Solaire.
Notre galaxie compte entre 200 et 400 milliards d’étoiles
et, malgré les distances incommensurables qui les séparent
les unes des autres, elles nous apparaissent sous la forme d’une brume
lumineuse, tellement elles sont nombreuses et lointaines.
Si l’on sort du système solaire, la plus proche
étoile de notre Galaxie est « Proxima du Centaure ».
Elle est tout de même à 43 000 milliards de km (soit
environ 300 000 fois plus loin que le soleil).
C’est dire que les kilomètres et les Unités
Astronomiques ne sont plus parlants à cette échelle et qu’il
faut utiliser d’autres références. |
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C’est là que Toto, le photon, entre en scène.
Rappelons que le photon est la particule électro-magnétique
qui constitue la lumière. Elle est très véloce ; c’est
même la plus rapide de l’univers : Toto, le photon, file à
près de 300 000 km/seconde !
(pour mémoire les sondes américaines
"Voyager" font du 60.000 km/h)
Ainsi, notre petit champion...
- fera le tour de la Terre en 1/13ème
de seconde
- atteindra la Lune en 1,3 seconde
- et le soleil en 8 minutes.
- Mars en 4 mn,
- Saturne en 1h08
- et Neptune, dernière planète de notre
système solaire, en à peu près 10 jours.
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Cette méthode a donné naissance à
une nouvelle unité pour mesurer les distances énormes de
l’univers : l’année-lumière (ou AL). Une année-lumière
est donc la distance que parcourt la lumière en une année,
à raison de 300 000 km/s (soit environ 10 000 milliards de km).
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Ainsi lancé, Toto mettra 4,3 années à
atteindre l’étoile la plus proche de notre soleil (Proxima du Centaure,
déjà citée), mais pour traverser la Voie Lactée
il lui faudra… 120 000 ans !
Au passage, il aura effleuré les fameux «
Piliers de la Création » (à 7000 années-lumière
de nous), composés de poussière stellaires.
Cette formation (photographiée
ci-contre par le télescope spatial Hubble) est une
pouponnière d'étoiles naissantes.
Quittant notre Voie Lactée, Toto s’aventurera dans
le vide sidérale avant d’atteindre la prochaine galaxie, Andromède,
au bout d'un voyage de 2,5 millions d’années ! une promenade…
Les astronomes, qui ont le sens de l’humour, nomment l’ensemble
de notre galaxie et celle d’Andromède
le « groupe local ». Autant dire la
banlieue de la Terre… |
Au-delà du groupe local, il y a d’autres amas galactiques
contenant des milliards d’autres galaxie, comme par exemple
l’Amas de
la Vierge à 65 millions d’A-L, ci-dessous, photographié
par le télescope Hubble. Les taches les plus lumineuses sont des
galaxies.

C – L’espace et le temps
Lorsque l’on dit que l’étoile Proxima du Centaure
est à 4,3 années-lumière, cela signifie que la
lumière issue de cette étoile, compte tenu de son grand éloignement,
met 4,3 années à nous parvenir.
Ce qui signifie aussi que ce que nous voyons de cette
étoile est âgé de plus de 4 ans et qu’au moment
où j’écris ces lignes elle a peut-être déjà
disparu (ce que nous saurons… dans 4 ans !) Et c’est la même chose
pour tous les autres objets célestes.
Galaxie
d’Andromède, vue au télescope,
mais
elle peut être observée depuis la Terre avec de bonnes jumelles.
Ainsi, la galaxie d’Andromède (ci-dessus)
nous paraît telle qu’elle était il y a 2,5 millions d’années.
Un extraterrestre habitant cette galaxie et braquant un super-télescope
vers notre Terre y verrait les premiers ancêtres de l’homme (homo
habilis) et non pas nos avions et nos gratte-ciel actuels… En un mot,
plus
l’on voit loin et plus on remonte le temps.
Il y a une limite à ce voyage : c’est le Big-Bang
initial
qui a créé l’univers et qui se situe à
14 milliards d’années-lumière. Toto,
notre petit photon, ne peut aller au-delà, car au-delà il
n’y a rien, du moins rien de visible, la lumière n’existant pas
encore.
Autre conséquence de ces distances incommensurables
: une communication avec une autre planète éventuellement
habitée s’avérerait très difficile pour ne pas dire
impossible. Pourrait-on qualifier de dialogue des messages qui mettraient,
dans le meilleur des cas (Proxima du Centaure), 4 ans à parvenir
à leurs destinataires et 4 ans à nous revenir ? Et ne parlons
pas d’un voyage interstellaire dont l’accomplissement occuperait plusieurs
générations humaines…
Et c’est peut-être plus sage ainsi, cela étouffant
dans l’œuf toute tentative d’invasion de part et d’autre et toute possibilité
de conflit. Si des extraterrestres existent quelque part, ils vivent, du
fait de leur éloignement, dans un monde quasiment parallèle
au nôtre, par définition inatteignable, pour le plus grand
bien de tous. |
Image
extraite du film "E.T. l'extraterrestre"
de
Steven Spielberg (1982)
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Alors, revenons sur notre bonne vieille Terre où,
petits humains perdus dans l’immensité sidérale, nous devrions
tous marcher main dans la main... N’est-ce pas, Toto ?
Texte, calculs et
maquette de Guy Robert - Les photos astronomiques sont propriété
de la NASA - ©Linutil - Avril 2025
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