A partir de 1866, Deyrolle commence à éditer ses fameuses planches murales destinées à l’enseignement et réunies dans une collection unique : « Le Musée Scolaire Deyrolle ».

S’adressant aux classes primaires et secondaires, ces planches abordent tous les domaines des sciences naturelles : botanique, zoologie, entomologie, géologie, anatomie humaine. Elles traitent également des sciences humaines, de l’économie, de la chimie, de l’industrie et de l’agriculture. L’Etat devient le principal client de la maison Deyrolle en équipant toutes les écoles de France de ces planches.

Jusqu’à une époque pas si éloignée que ça (avant l’arrivée de l’informatique et de l’ordinateur en classe), elles étaient encore couramment employées pour instruire par l’observation : ce qu’on avait quotidiennement sous nos yeux finissait par entrer sans effort dans nos petits cerveaux têtus. Comme l’écrit l’éditeur de ces planches, en introduction de son catalogue : « L’éducation par les yeux est celle qui fatigue le moins l’intelligence. » Les producteurs de programmes télévisuels ne diront pas le contraire…

Une longue histoire…
 

En 1888, Deyrolle s’installe à l’adresse qu’il occupe encore aujourd’hui : 46, rue du Bac à Paris. (ci-contre, la façade du magasin). Dans les années 20, de nombreux artistes viennent chercher l’inspiration dans les collections Deyrolle, comme Salvador Dali ou André Breton. Les Années 1940-1960 voient la photographie prendre le pas sur le dessin dans les ouvrages de vulgarisation.

A l’école, la « Leçon de choses » disparaît peu à peu du programme. Face à ces changements, Deyrolle s’adapte, fermant ses usines et se recentrant sur son magasin de Paris.

Mais en 1970, la famille Deyrolle quitte l’affaire et après plusieurs changements de propriétaire, Louis Albert de Broglie la rachète en 2001. Deyrolle renoue avec la tradition en éditant de nouvelles planches pédagogiques, centrées sur la préservation de la nature et en réimprimant ses anciennes planches à l’attention des collectionneurs. Les autres domaines de son fonds de commerce ne sont pas pour autant abandonnés, comme la taxidermie, la minéralogie, l’entomologie… C’est encore le cas de nos jours, où il est possible d’acquérir un lion naturalisé (mort de mort naturelle, au zoo) pour la modique somme de… 50.000 € !

Le 1er février 2008 voit un incendie ravager le magasin et détruire 90% des collections. Une mobilisation internationale permet de reconstituer, peu à peu, ce qui a disparu dans la catastrophe. On autorise des artistes à utiliser les restes carbonisés des objets détruits pour imaginer des œuvres qui sont ensuite vendues aux enchères, participant ainsi à la renaissance de la maison Deyrolle. En 2009, Woody Allen vient y tourner quelques scènes de son film « Midnight in Paris », avec Marion Cotillard.

Les planches pédagogiques Deyrolle
 
 

En 2010, paraît chez Michel Lafon un livre « Leçons de choses » qui reprend les fac-similés de plusieurs planches pédagogiques Deyrolle sous un grand format (30x40cm !). Classées par domaine de connaissances, ces planches offrent un panorama historique des sciences naturelles telles qu’enseignées à l’époque et on y découvre que la vulgarisation n’exclut pas le sérieux.   Nous présentons ci-après, extraits de cet ouvrage, quelques exemples significatifs.

Insectes et papillons
 

Deyrolle commercialise également des papillons et divers autres insectes naturalisés. Au-delà de leur usage scientifique et pédagogique, ces images et ces objets ont inspiré nombre d’artistes. 

Les Algues

Mieux qu’une photographie, le dessin permet de présenter une vue synthétique de l’objet tout en conservant la précision des détails. On notera la beauté des couleurs pastel utilisées ici. 

Du plus simple au plus compliqué

A gauche, le chemin qui conduit du grain de blé au pain ; à droite le réseau complexe de notre circulation sanguine. On mesure là l’extrême diversité des sujets abordés et de leur traitement par Deyrolle.
 

Science et technique

Certes, la technologie de l’époque (année 1890, environ) est légèrement dépassée par les progrès d’aujourd’hui. Toutefois, les principes demeurent. Ci-dessous à gauche, une présentation fouillée de la technique des piles électriques et à droite une explication « lumineuse » des différences entre l’éclair et le tonnerre dans le phénomène de la foudre.
 
 

… et Halloween approchant, voilà une planche qui pourrait inspirer de spectaculaires déguisements :

Deyrolle poursuit de nos jours la triple mission qu’il s’est fixée :

Comme l’écrit Louis Albert de Broglie dans l’introduction au livre que nous venons d’entrouvrir pour vous :