C'est en parcourant la brocante
du Vieux Marché, à Bruxelles, que Tintin découvre
une maquette de La Licorne et qu'il décide de l'acheter pour en
faire cadeau au capitaine Haddock. Ce geste d'amitié est le point
de départ d'une grande et mystérieuse chasse au trésor.
C'est également à
une véritable course au trésor que nous nous livrons, depuis
quelques mois, poursuivant la construction de la maquette "La Licorne".
Dans les numéros précédents, nous étions parvenus
à l'étape 42 (sur les 125 prévues). Voici donc un
point actualisé sur ce chantier titanesque (si on ose dire cela
pour un bateau !...)
Un vaisseau bien armé
Une fois la coque
complètement bordée, ce qui a pris quelques jours, on est
passé à l'armement du navire :
Montage et peinture des 52
canons qui arment ce vaisseau de 3ème rang de la flotte de Louis
XIV.
A l'époque les canons
étaient en bronze et les affûts en bois. Du côté
de la culasse (arrière du canon sur la photo), le métal
avait une épaisseur de 3 fois le diamètre du boulet. Enfin,
la boule terminant la culasse (à gauche sur la photo) recevait
une corde destinée à limiter le recul de la pièce
lors du tir. |
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Pour la maquette,
les canons des ponts extérieurs sont montés sur affût
visible.
Pour l'instant, les ouvertures
qui s'ouvrent sur le pont (très dangereuses pour les matelots,
j'en conviens !) sont bien entendu provisoires. Le trou rond, par exemple,
recevra plus tard le grand mât. Mais ceci est une autre histoire... |
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Les autres canons sont "tronqués"
et dans ce cas seule la bouche passe par le travers des sabords.
A cette vue saisissante,
nombre de pirates ont cru leur dernière heure arrivée.
En attendant l'installation
définitive et des jours meilleurs, on remise pacifiquement ces superbes
pièces d'artillerie. |
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Un chantier tout azimut
Les travaux qui suivent peuvent
sembler décousus, mais on suit strictement le guide de montage,
ce qui fait que sur le chantier, les ouvriers passent du coq à l'âne.
Par exemple, après
les canons, on a prépare la façade du château arrière,
ce qui nécessite le collage de 18 pièces différentes.
Cette décoration recouvrira la dunette arrière. On appréciera
le réalisme de la maquette par rapport à l'album d'Hergé,
comme montré ci-dessus. Il manque encore les balcons, qui seront
construits plus tard. A voir un tel luxe, il est facile de comprendre que
c'est ici, à la poupe du navire, qu'étaient installés
les appartements du capitaine et de son second.
Ensuite, c'est la corvée
de ponçage et de peinture de la coque :
3 couches de blanc jusqu'à
la ligne de flottaison. A l'époque (18ème siècle),
cette peinture protégeait la carène des tarets (vers marins
qui attaquent le bois) et des coquillages.
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Retour sur le navire, où
les escaliers reliant les différents ponts sont peints et installés
provisoirement.
On imagine déjà
les matelots manoeuvrant sur les ponts et se préparant au combat,
tandis que les ordres fusent et qu'au loin grondent les canons de l'escadre
ennemie.
Mais pour l'instant, tout
est encore calme dans l'odeur de la peinture fraîche. Car comme le
dit un vieux dicton : "Dans la Marine, on salue tout ce qui bouge et on
peint tout le reste."
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Les derniers numéros
de cette 3ème étape concernent la construction des mâts
(artimon, grand mât et mât de misaine). Comme dans la réalité,
les mâts, contrairement à une idée reçue, ne
sont pas faits d'une seule pièce. En effet aucune arbre ne serait
assez grand et assez droit pour qu'on puisse y tailler des mâts de
plus de 40m de haut.
Ainsi, par exemple, le grand
mât est constitué de quatre éléments, fixés
les uns au-dessu des autres. Mais à ce stade, on ne s'occupe encore
que de la fabrication des différentes parties. Opération
délicate qui nécessite la sculpture de baguettes de bois
rondes très fines.
En outre, chaque bas de
mât (la partie la plus basse des mâts) reçoit des "ferrures"
qui, maquettisme oblige, sont réalisées en ficelle fine (10
tours pour chaque ligature !), à coller très soigneusement,
sil vous plait (voir photo de droite). |
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Voilà où on
en est arrivé, au 63ème numéro. Comme le montre la
photo finale ci-dessous, les éléments des mâts sont
prêts mais ne seront arrimés au navire que bien plus tard.
Patience, patience..., mais n'est-ce pas ce que demande en premier lieu
une telle maquette et ce qui en fait l'agrément ?
Un peu de culture maritime
Tout le monde connaît
l'exclamation favorite du capitaine Haddock : "Mille millions de
mille sabords !" Mais qu'est-ce qu'un sabord, mille sabords
?!
Comme on le voit ci-contre,
un sabord est une ouverture dans la coque du bateau, comme une petite fenêtre,
au travers de laquelle on avance la bouche du canon, afin de bombarder
l'ennemi. Sur la Licorne, il y a 25 sabords de chaque côté,
répartis en 3 lignes. Quand le navire n'était pas au combat,
on reculait les canons et on fermait les sabords à l'aide d'un panneau
(le "mantelet") afin d'éviter d'embarquer de l'eau par ces ouvertures
en cas de gros temps. C'est de cet accident (regrettable) que vient l'expression
"saborder" : c'est laisser entrer l'eau par les sabords (ou par un trou
dans la coque) jusqu'à faire couler le navire. Mais nous éviterons
à La Licorne de connaître sort si funeste ! |
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Arrivés au 63ème
numéro, nous voilà tout juste à la moitié de
cette construction qui en comprend 125. Et pour les connaisseurs, ces nombres
sont parlants. En effet, chacun des albums d'Hergé comporte 62 pages.
La construction de la maquette "La Licorne" s'étend donc, à
une unité près, sur autant de numéros qu'il y a de
pages aux deux aventures qui la mettent en scène. Etonnant non ?
Bon j'y retourne, car le
Trésor de Rackam Le Rouge n'est plus loin maintenant… Un peu plus
à l'Ouest, sans doute !
© Guy Robert - février 2013
Et bien entendu, toujours en ligne, les précédentes
étapes de ce chantier naval :
Construire La Licorne (I) : du n°
1 au n° 19 (mars 2012)
Construire La Licorne (II) : du
n° 20 au n° 42 (septembre 2012) |