Février 2015
Les autres N°


CONSTRUIRE LA LICORNE (V)

Vous vous demandez sans doute "Mais où est donc passée La Licorne ?"

Eh oui, notre chantier naval a pris du retard, mais depuis le début de l'année 2015, le voilà redémarré.

Nous en étions restés, souvenez-vous, à l'étape n° 98. Mystérieusement, l'ensemble du projet ne compte plus que 120 étapes (contre 125 prévues au lancement de la collection). La coque était alors terminée, peinte, et de nombreux accessoires avaient été préparés (comme les canons, les volets de sabords, les vergues…).

A ce stade, et en novembre 2013 (comme le temps passe !), La Licorne se présentait ainsi dans son bassin de radoub :


 
 

1 - On travaille dans les soutes

Sur un bateau tel que La Licorne, il y a plein de petits détails, invisibles de loin, mais qui participent au rendu réaliste de l'ensemble.
 
 

Ces derniers recevront les écoutes (sur un bateau on ne prononce pas le mot "corde". Ah, zut, je l'ai dit). Tout autour de chaque emplacement de mât sont disposés des taquets en métal pour arrimer ces écoutes.
Par exemple, ci-contre on voit les 13 taquets en cercle autour du socle du grand mât.

Ainsi les "échelles de bordé", sur les flancs du navire, sont réalisées à l'aide de minuscules morceaux de bois découpés, sculptés et peints.
 

Sur les ponts, des ouvertures ont été aménagées pour recevoir les mâts. Ces trous sont habillés d'un cerclage de métal où sont collés des œillets très fins :


Enfin, on prépare des éléments qui ne rejoindront la maquette qu'aux toutes dernières étapes de la construction. C'est le cas des 2 ancres qui, après montage et peinture, attendent dans les hangars de mon chantier naval, c'est-à-dire dans une simple boite en carton.
 

Toutes les étapes suivantes vont être consacrées à la fixation des mâts sur la maquette et à la pose des haubans.
 
 

2 - Y'a du vent dans les haubans (chanson de marin ?)
 

Tout d'abord, et pour mieux comprendre la construction, un peu de théorie sur l'architecture navale…
 

Comme nous l'avons dit dans une rubrique précédente (voir "Construire La Licorne-III"), chacun des mâts d'un navire tel que La Licorne n'est pas coupé dans un seul arbre, car aucun arbre ne serait assez haut ni assez droit.

Un mât est donc constitué de plusieurs parties, fabriquées dans des arbres différents, de diamètre décroissant et reliées entre elles par emboîtage au moyen d'une "tête de more". Le dessin ci-contre montre le principe.
 

Ainsi, et suivant cette technique le grand mât de La Licorne, par exemple, est en fait composé de 4 parties distinctes. Tous ces éléments ont été façonnés (c'est le mot) durant les étapes précédentes. Il s'agit maintenant de les monter.
 

Mais si l'on s'en tenait là, il est certain qu'avec le poids des voiles et la force du vent, les mâts ne tiendraient pas longtemps… d'où les haubans !
 

Sur un vrai navire, les haubans ont plusieurs fonctions : ils maintiennent les mâts en place, permettent aux matelots de grimper pour les manœuvres et aux pirates dans les films d'effectuer des voltiges aériennes.
 
Sur une maquette, ni vent ni pirates (bien que…), mais ils assujettissent les mâts et participent au réalisme de l'ensemble.

Les haubans sont réalisés en fil noir, sur un "métier à tisser" spécial, qu'il faut auparavant construire. Les nappes de haubans sont tissées deux par deux (une pour le côté bâbord, l'autre pour tribord).

Quand c'est fait, on détache les nappes de haubans du métier à tisser en coupant simplement les fils qui dépassent :

Puis on les attache en haut de la 1ère partie du mât :


3 - Estropes et caps de mouton

Non, ce ne sont pas de nouvelles injures du Capitaine Haddock, mais le nom des pièces permettant de fixer les haubans. Je vous avouerais que je n'en avais jamais entendu parler avant de commencer cette maquette…
 

Les "caps de mouton" sont des ronds de bois à 3 trous, les "estropes", en métal, attachent ces caps de moutons à la coque ou à la hune.

Le montage d'un mât avec ses haubans suit donc toujours le même procédé, que nous résumons sur le dessin ci-contre.

Et ce, pour tous les mâts et toutes les parties de chaque mât.
 

On voit ci-dessous la phase de nouage entre 2 caps de mouton. Pour donner une idée de l'échelle, les caps de mouton font ici 5 mm de diamètre. Pour les "étages" supérieurs, le diamètre passe à 3 mm. Gros doigts, s'abstenir...

4 - Machines-outils

Le montage des haubans, outre qu'il demande une grande minutie et beaucoup de patience, nécessite beaucoup de déplacements autour du bateau. Pour simplifier ces manœuvres, la collection "Tintin, Haddock et La Licorne" propose la construction d'une base tournante pour recevoir le navire et le positionner d'un simple coup de pouce. Astucieux, non ? 

Cette "machine" est composée de 2 plaques de bois glissant l'une sur l'autre grâce à un roulement à billes en plastique. Rustique, mais pratique.
 

Le roulement à billes 
La base terminée 
 La Licorne sur sa base tournante

Grâce à ce matériel et quelques (longues) heures de travail, les 4 mâts sont finalement habillés de leurs haubans, hune, contre-haubans et mâts de perroquet. Nous en sommes à la 115ème étape


La prochaine que nous évoquerons cette Licorne, elle sera prête à prendre la mer, et d'ici-là nous vous souhaitons, à toutes et tous, bonne mer et bon vent ! 

© Guy Robert - février 2015
Et bien entendu, toujours en ligne, les précédentes étapes de ce chantier naval :
Construire La Licorne (I) : du n° 1 au n° 19 (mars 2012)
Construire La Licorne (II) : du n° 20 au n° 42 (septembre 2012)
Construire La Licorne (III) : du n° 43 au n° 63 (février 2013)
Construire La Licorne (IV) : du n° 64 au n° 98 (novembre 2013)