Vous vous demandez
sans doute "Mais où est donc passée La Licorne ?"
Eh oui, notre chantier naval
a pris du retard, mais depuis le début de l'année 2015, le
voilà redémarré.
Nous en étions restés,
souvenez-vous, à l'étape n° 98. Mystérieusement,
l'ensemble du projet ne compte plus que 120 étapes (contre 125 prévues
au lancement de la collection). La coque était alors terminée,
peinte, et de nombreux accessoires avaient été préparés
(comme les canons, les volets de sabords, les vergues…).
A ce stade, et en novembre
2013 (comme le temps passe !), La Licorne se présentait ainsi dans
son bassin de radoub :
1 - On travaille dans
les soutes
Sur un bateau tel que La
Licorne, il y a plein de petits détails, invisibles de loin, mais
qui participent au rendu réaliste de l'ensemble.
Ces derniers recevront les
écoutes (sur un bateau on ne prononce pas le mot "corde".
Ah, zut, je l'ai dit). Tout autour de chaque emplacement de mât sont
disposés des taquets en métal pour arrimer ces écoutes.
Par exemple, ci-contre on
voit les 13 taquets en cercle autour du socle du grand mât. |
Ainsi les "échelles
de bordé", sur les flancs du navire, sont réalisées
à l'aide de minuscules morceaux de bois découpés,
sculptés et peints.
Sur les ponts, des ouvertures
ont été aménagées pour recevoir les mâts.
Ces trous sont habillés d'un cerclage de métal où
sont collés des œillets très fins :
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Enfin, on prépare
des éléments qui ne rejoindront la maquette qu'aux toutes
dernières étapes de la construction. C'est le cas des 2
ancres qui, après montage et peinture, attendent dans les hangars
de mon chantier naval, c'est-à-dire dans une simple boite en carton.
Toutes les étapes
suivantes vont être consacrées à la fixation des mâts
sur la maquette et à la pose des haubans.
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2 - Y'a du vent dans les
haubans (chanson de marin ?)
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Tout d'abord, et pour mieux
comprendre la construction, un peu de théorie sur l'architecture
navale…
Comme nous l'avons dit dans
une rubrique précédente (voir "Construire La Licorne-III"),
chacun des mâts d'un navire tel que La Licorne n'est pas coupé
dans un seul arbre, car aucun arbre ne serait assez haut ni assez droit.
Un mât est donc
constitué de plusieurs parties, fabriquées dans des arbres
différents, de diamètre décroissant et reliées
entre elles par emboîtage au moyen d'une "tête de more".
Le dessin ci-contre montre le principe.
Ainsi, et suivant cette technique
le grand mât de La Licorne, par exemple, est en fait composé
de 4 parties distinctes. Tous ces éléments ont été
façonnés (c'est le mot) durant les étapes précédentes.
Il s'agit maintenant de les monter.
Mais si l'on s'en tenait
là, il est certain qu'avec le poids des voiles et la force du vent,
les mâts ne tiendraient pas longtemps… d'où les haubans
!
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Sur un vrai navire, les haubans
ont plusieurs fonctions : ils maintiennent les mâts en place, permettent
aux matelots de grimper pour les manœuvres et aux pirates dans les films
d'effectuer des voltiges aériennes.
Sur une maquette,
ni vent ni pirates (bien que…), mais ils assujettissent les mâts
et participent au réalisme de l'ensemble.
Les haubans sont réalisés
en fil noir, sur un "métier à tisser" spécial,
qu'il faut auparavant construire. Les nappes de haubans sont tissées
deux par deux (une pour le côté bâbord, l'autre pour
tribord).
Quand c'est fait, on détache
les nappes de haubans du métier à tisser en coupant simplement
les fils qui dépassent :
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Puis on les attache
en haut de la 1ère partie du mât :
3 - Estropes et caps de
mouton
Non, ce ne sont pas de nouvelles
injures du Capitaine Haddock, mais le nom des pièces permettant
de fixer les haubans. Je vous avouerais que je n'en avais jamais entendu
parler avant de commencer cette maquette…
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Les "caps
de mouton" sont des ronds de bois à 3 trous, les "estropes",
en métal, attachent ces caps de moutons à la coque ou à
la hune.
Le montage d'un mât
avec ses haubans suit donc toujours le même procédé,
que nous résumons sur le dessin ci-contre.
Et ce, pour tous les mâts
et toutes les parties de chaque mât.
On voit ci-dessous la phase
de nouage entre 2 caps de mouton. Pour donner une idée de
l'échelle, les caps de mouton font ici 5 mm de diamètre.
Pour les "étages" supérieurs, le diamètre passe à
3 mm. Gros doigts, s'abstenir...
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4 - Machines-outils
Le montage des haubans, outre
qu'il demande une grande minutie et beaucoup de patience, nécessite
beaucoup de déplacements autour du bateau. Pour simplifier ces manœuvres,
la collection "Tintin, Haddock et La Licorne" propose la construction
d'une base tournante pour recevoir le navire et le positionner d'un
simple coup de pouce. Astucieux, non ?
Cette "machine" est composée
de 2 plaques de bois glissant l'une sur l'autre grâce à un
roulement à billes en plastique. Rustique, mais pratique.
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Le roulement à
billes
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La base terminée
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La Licorne
sur sa base tournante
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Grâce à ce matériel
et quelques (longues) heures de travail, les 4 mâts sont finalement
habillés de leurs haubans, hune, contre-haubans et mâts de
perroquet. Nous en sommes à la 115ème étape…
La prochaine que nous évoquerons
cette Licorne, elle sera prête à prendre la mer, et d'ici-là
nous vous souhaitons, à toutes et tous, bonne mer et bon vent
! |