Avril 2015
Les autres N°


CONSTRUIRE LA LICORNE (VI)


 
 Après la pose et la fixation des mâts et des haubans, présentées dans la précédente étape (n° V), nous entamons l'ultime épisode de cette aventure au long cours.
 
 

1 - Mille sabords !

Les canons, qui attendaient le baptême du feu, sortent de l'ombre des hangars. S'agissant de La Licorne, on dénombre 50 bouches à feu, réparties sur les 2 ponts. A cela il faut ajouter 2 canons dits "de retraite" ; situés à l'arrière du navire, ils permettaient de tenir l'ennemi en respect tout en prenant la poudre d'escampette, suivant la tactique éprouvée du "courage, fuyons !"
 

Les canons pointant au travers des sabords
L'ancre de bâbord
Après les canons, on fixe les volets de sabord et leur corde de rappel. On met également en place les 2 ancres à l'avant du navire et le cabestan (à mains !) destiné à les manœuvrer.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le cabestan sur le pont supérieur, à la proue du navire

Maintenant, tout le travail va consister à équiper La Licorne de ses gréements "courants" (c'est-à-dire mobiles), à l'inverse des gréements "dormants", tels que les mâts et les haubans.
 
 

2 - Marrants, les nœuds marins !

Le nombre, le type et la longueur des cordages sur un 3 mâts sont impressionnants. A titre de comparaison, sur un vaisseau tel que l'Hermione moderne dont on parle ces jours-ci (reconstitution du navire sur lequel embarqua Lafayette pour les Amériques), il y a 25 km de cordage ! Sur notre Licorne, il y en aura quelques bobines…

On distingue plusieurs types de cordage, en particulier :

- les "bastaques" : immenses filins qui relient le haut des mâts à la coque
- les "étais" : cordages reliant les mâts entre eux
- les "araignées" : tissages de corde qui évitent aux voiles de s'emmêler dans les haubans.
Rappelons que, conformément à La Licorne achetée par Tintin dans l'album de ses aventures, notre maquette de comportera pas de voiles.
 

Les "bastaques"

Montage d'une "araignée"

 

3 - Vergues, vagues et vogue la galère !
 
Les vergues sont des gréements horizontaux, en bois, sur lesquels s'attachent les voiles. Les vergues sont perpendiculaires au mât auquel elles sont attachées et perpendiculaires à l'axe longitudinal du bateau, comme les voiles. C'est d'ailleurs la particularité des ces navires, dits "à voiles carrées", contrairement aux bateaux modernes dont les voiles sont dans le sens de l'axe et manoeuvrables au pied du mât. Les navires à voiles carrées, avec vergues, nécessitent la présence de nombreux matelots dans les hauteurs pour manœuvrer les voiles. D'où un équipage conséquent ; sujet au vertige s'abstenir !
Sur notre Licorne, il y a 3 vergues pour chacun des 3 mâts principaux et 2 vergues pour le mât de beaupré (à la proue du navire). Chaque vergue est maintenue au mât par un cordage. Elle est équilibrée à l'horizontal par des "balancines" et maintenue perpendiculairement à l'axe du navire par des bras de vergue. Mais un petit dessin vaut mieux qu'un long discours…

Ainsi, c'est environ 18 cordages qui se retrouvent au pied de chaque mât, cordages qui passent dans une cinquantaine de poulies… On imagine l'encombrement des ponts au XVIIIème siècle ! Impossible d'y déplier ne serait-ce qu'un transat pour le capitaine. L'endroit eut été d'ailleurs assez mal choisi.
 

Au pied du grand mât

Faut faire des nœuds sans se faire des nœuds…

Mais sur le modèle "La Licorne", c'est un autre problème : les doigts du maquettiste ne sont pas à l'échelle de la maquette. Il y faudrait des doigts de mouche (et non de mousse) pour faire les nœuds et les boucles que nécessite le montage de toutes ces manœuvres. C'est dans une véritable forêt vierge de lianes qu'on se fraye un passage, et cela ne s'improvise pas. Pour s'y retrouver, plusieurs plans de montage sont fournis, reste à les comprendre…

Vue partielle d'un des plans de montage des gréements de La Licorne. Faut pas perdre le fil…



4 - On largue enfin les amarres !
 
 

Et puis soudain, un jour, le lundi 13 avril à 15 heures, exactement, on colle la dernière lanterne sur le château arrière de La Licorne.

Cette fois, ça y est. Après 4 ans de travail, la voilà enfin terminée cette mythique Licorne… On va pouvoir, comme Tintin dans "Le secret de La Licorne", l'offrir au Capitaine Haddock et l'exposer dans la Salle de Marine du Château de Moulinsart. D'ailleurs, la vitrine est commandée…

Et comme le dit si à propos le Professeur Tournesol à la dernière page de l'album qui clôt l'aventure :

"Tout est bien qui finit bien"

 

© Guy Robert - avril 2015
Et, ci-dessous, retrouvez toutes les étapes de la construction de La Licorne:
Construire La Licorne (I) : du n° 1 au n° 19 (mars 2012)
Construire La Licorne (II) : du n° 20 au n° 42 (septembre 2012)
Construire La Licorne (III) : du n° 43 au n° 63 (février 2013)
Construire La Licorne (IV) : du n° 64 au n° 98 (novembre 2013)
Construire La Licorne (V) : du n° 99 au n° 115 (février 2015)