Après
la pose et la fixation des mâts et des haubans, présentées
dans la précédente étape (n° V),
nous entamons l'ultime épisode de cette aventure au long cours.
1 - Mille sabords !
Les canons, qui attendaient
le baptême du feu, sortent de l'ombre des hangars. S'agissant de
La Licorne, on dénombre 50 bouches à feu, réparties
sur les 2 ponts. A cela il faut ajouter 2 canons dits "de retraite" ; situés
à l'arrière du navire, ils permettaient de tenir l'ennemi
en respect tout en prenant la poudre d'escampette, suivant la tactique
éprouvée du "courage, fuyons !"
Les
canons pointant au travers des sabords
|
L'ancre
de bâbord
|
Après
les canons, on fixe les volets de sabord et leur corde de rappel. On met
également en place les 2 ancres à l'avant du navire et le
cabestan (à mains !) destiné à les manœuvrer.
Le
cabestan sur le pont supérieur, à la proue du navire
|
|
Maintenant, tout le travail
va consister à équiper La Licorne de ses gréements
"courants" (c'est-à-dire mobiles), à l'inverse des gréements
"dormants", tels que les mâts et les haubans.
2 - Marrants, les nœuds
marins !
Le nombre, le type et la
longueur des cordages sur un 3 mâts sont impressionnants. A titre
de comparaison, sur un vaisseau tel que l'Hermione moderne dont on parle
ces jours-ci (reconstitution du navire sur lequel embarqua Lafayette pour
les Amériques), il y a 25 km de cordage ! Sur notre Licorne, il
y en aura quelques bobines…
On distingue plusieurs types
de cordage, en particulier :
- les "bastaques"
: immenses filins qui relient le haut des mâts à la coque
- les "étais"
: cordages reliant les mâts entre eux
- les "araignées"
: tissages de corde qui évitent aux voiles de s'emmêler dans
les haubans.
Rappelons que, conformément
à La Licorne achetée par Tintin dans l'album de ses aventures,
notre maquette de comportera pas de voiles.
Les
"bastaques"
|
Montage
d'une "araignée"
|
3 - Vergues, vagues et
vogue la galère !
Les vergues sont
des gréements horizontaux, en bois, sur lesquels s'attachent
les voiles. Les vergues sont perpendiculaires au mât auquel elles
sont attachées et perpendiculaires à l'axe longitudinal du
bateau, comme les voiles. C'est d'ailleurs la particularité des
ces navires, dits "à voiles carrées", contrairement
aux bateaux modernes dont les voiles sont dans le sens de l'axe et manoeuvrables
au pied du mât. Les navires à voiles carrées, avec
vergues, nécessitent la présence de nombreux matelots dans
les hauteurs pour manœuvrer les voiles. D'où un équipage
conséquent ; sujet au vertige s'abstenir !
Sur notre Licorne, il y
a 3 vergues pour chacun des 3 mâts principaux et 2 vergues pour le
mât de beaupré (à la proue du navire). Chaque vergue
est maintenue au mât par un cordage. Elle est équilibrée
à l'horizontal par des "balancines" et maintenue perpendiculairement
à l'axe du navire par des bras de vergue. Mais
un petit dessin vaut mieux qu'un long discours… |
|
Ainsi, c'est environ 18 cordages
qui se retrouvent au pied de chaque mât, cordages qui passent dans
une cinquantaine de poulies… On imagine l'encombrement des ponts au XVIIIème
siècle ! Impossible d'y déplier ne serait-ce qu'un transat
pour le capitaine. L'endroit eut été d'ailleurs assez mal
choisi.
Au
pied du grand mât |
Faut
faire des nœuds sans se faire des nœuds… |
Mais sur le modèle
"La Licorne", c'est un autre problème : les doigts du maquettiste
ne sont pas à l'échelle de la maquette. Il y faudrait des
doigts de mouche (et non de mousse) pour faire les nœuds et les boucles
que nécessite le montage de toutes ces manœuvres. C'est dans une
véritable forêt vierge de lianes qu'on se fraye un passage,
et cela ne s'improvise pas. Pour s'y retrouver, plusieurs plans de montage
sont fournis, reste à les comprendre…
Vue
partielle d'un des plans de montage des gréements de La Licorne.
Faut pas perdre le fil…
4 - On largue enfin les
amarres !
|
Et puis soudain, un jour,
le lundi 13 avril à 15 heures, exactement, on colle la dernière
lanterne sur le château arrière de La Licorne.
Cette fois, ça y est.
Après 4 ans de travail, la voilà enfin terminée
cette mythique Licorne… On va pouvoir, comme Tintin dans "Le secret
de La Licorne", l'offrir au Capitaine Haddock et l'exposer dans la
Salle de Marine du Château de Moulinsart. D'ailleurs, la vitrine
est commandée… |
Et comme le dit si à
propos le Professeur Tournesol à la dernière page de l'album
qui clôt l'aventure :
"Tout est bien qui finit
bien"
|